Il y a à peine quelques mois, les médias internationaux se bousculaient dans la cité des Alizés alors que le festival Gnaoua et musiques du monde s'affichait en bien des «Unes» et dans plusieurs prime-times. Cette année, la 13e de son histoire, le festival phare du paysage culturel marocain et mondial a donné à voir, à vivre, à rêver une fusion du monde par les voix de ses hommes et de ses femmes. C'est qu'un vent de liberté et de culture a déjà soufflé sur Mogador et ses milliers de voyageurs venus de partout, comme laissant en guise de testament aux plus jeunes et aux plus talentueux de faire perdurer le flambeau des ancêtres, les esclaves. Cinq ans pour les plus talentueux Si les nuits d'Essaouira sont magiques, ce n'est pas l'apanage d'une vague qui n'arrive qu'au mois de juin. Elles sont interminables, à accueillir en ces débuts d'août, cet événement qui consacre depuis 5 ans, excepté l'année dernière où le festival n'a pas eu lieu, les jeunes talents de cet art ancestral, toutes villes confondues. Par la volonté de la direction du festival, supportée par la présidence de l'association Essaouira Mogador, cette édition qui a déjà commencé jeudi est exceptionnelle. Et ce pour plusieurs raisons. C'est qu'elle accueille 16 groupes primés depuis le début de ce tremplin, premier du genre, eux qui étaient, il y a à peine quelques années, à l'aube de leur carrière, et surtout, parce qu'un aperçu de la nouvelle scène marocaine y est donné. Une sorte de Best Of des cinq précédentes éditions qui veut que ces artistes musiciens animent eux-mêmes les deux scènes du festival, à savoir place Moulay Hassan et Dar Souiri, leur permettant d'évaluer leur niveau, de prendre connaissance de leur parcours et de garder le contact, sinon d'en nouer de nouveaux, avec le public. Hommage, ciné-transe et histoire Ce cru 2010 rend un hommage particulier à l'un des ténors de l'art gnaoui, qui a marqué l'histoire de l'art à Essaouira en particulier (décédé le 4 juillet dernier, quelques jours après avoir participé au Festival gnaoua et musiques du monde), avant de poursuivre cette édition avec des programmes de projection ciné, des ateliers d'échange et de formation. En effet, pendant l'exposition «Mémo'Art – contre l'amnésie», les maîtres qui ont marqué l'univers gnaoua, vivants ou disparus, seront revisités ou redécouverts à travers leurs parcours, traduits par des objets, des photographies et des œuvres. L'ensemble se retrouve dans le lieu magique du Borj Bab Marrakech. Rétrospective musicale, mais également photographique retraçant les moments forts du festival depuis sa création à Dar Souiri. Comme pour les éditions précédentes, l'image sera à l'honneur avec une programmation de «ciné-transe» autour du rituel de transe, proposé par le cinéaste réalisateur marocain Ali Es Safi. Une belle et rare opportunité pour découvrir les rituels de transe et ceux initiatiques, qui comptent et ne se dénombrent pas à travers l'histoire et la géographie humaine. «Ce programme permettra alors au public de faire les liens entre notre culture de» transe «au Maroc et celles des autres peuples et des autres civilisations !». Le thème principal étant «La Mémoire Gnaoua d'Essaouira», Ciné-Transe sera l'occasion de montrer aux spectateurs d'Essaouira une sélection parmi le florilège de productions de films qui y ont été réalisés ces dernières années.