Depuis 1995, année du début de la publication des données sectorielles par l'APSF, le secteur de crédit à la consommation n'a jamais accusé une baisse aussi sensible dans la production de crédits. Cela ne veut pas dire que les clients empruntent moins mais plutôt que les sociétés de crédit sont plus regardantes sur les conditions d'octroi de crédits, étant elles-mêmes soumises à de nouvelles règles de jeu imposées par Bank Al-Maghrib. C'est ce qui explique l'optimisme affiché par les opérateurs lors du dernier Conseil national de la monnaie et de l'épargne et souligné par Abdelkrim Bencherki, président de l'APSF, dans son mot d'introduction où il tenait à partager «un message d'optimisme, l'Association envisageant l'avenir des métiers de financement avec une totale sérénité». S'il n'y avait qu'un seul mot à retenir du discours de Bencherki ce jour-là, ce serait «maturité». Entre deux exercices, 2008 et 2009, la production du secteur a baissé de 4%, soit 16,1 MMDH en moins de crédits distribués. La baisse de l'activité, qui avait commencé au troisième trimestre 2008, s'est accélérée à partir du deuxième trimestre 2009 avant de ralentir quelque peu au dernier trimestre de la même année. les opérateurs parlent plutôt d'assainissement et de retour à la normale. Techniquement, et selon la dernière note de recherche de CFG group, «le secteur a subi le contrecoup du ralentissement de la croissance de la consommation des ménages (7% en 2009 contre 15% en 2008) et de la baisse des crédits automobiles à hauteur de 3% corrélée au recul de 8% des ventes de véhicules neufs en 2009». Plus en détail, la note précise que pour le secteur automobile, «la baisse est particulièrement accentuée pour la formule Location avec option d'achat (LOA) chiffrée à 23%, tandis que le financement automobile classique a résisté avec une croissance de 9% grâce en partie à une demande soutenue sur les ventes de voitures montées localement (6% en 2009)». Même constat du côté des crédits personnels, dont la production s'est repliée de 4%. Pour les analystes de CFG, ce recul est légitime, notamment à cause «du resserrement des conditions d'octroi de crédit pour se prémunir contre les risques d'impayés, notamment envers les salariés des secteurs directement affectés par la dégradation de la conjoncture (tourisme, automobile, textile...)». En conséquence, l'encours des crédits a progressé de 9% en 2009, loin des progressions exceptionnelles de 20% et 25% en 2006 et 2007 respectivement. Un futur incertain Impactée par la forte montée de la dotation sur créances en souffrance, la masse des résultats 2009 des six sociétés de crédit à la consommation cotées s'est affichée en retrait de 11% avec une meilleure résistance des sociétés Eqdom, Taslif et Salafin et une dégradation des résultats de Sofac et dans une moindre mesure Acred. En l'absence de signes de reprise notable de l'activité économique, CFG table sur une stabilisation de production du secteur au titre de l'année en cours pour une éventuelle reprise en 2011. Quant à l'évolution des résultats des opérateurs cotés en fin de cette année, les analystes estiment qu'elle «émanerait davantage des efforts de recouvrement et de productivité que d'une relance effective de la production de crédits». Sur le segment automobile, le Salon de l'automobile a permis à quelques opérateurs de crédit de sauver la mise sur le premier semestre 2010. Ce qui laisse présager un léger frémissement du chiffre d'affaires du secteur cette année.