«Sur 10 millions de salariés marocains, seuls 320.000 sont couverts par la médecine du travail, ce qui nous donne un pourcentage de 3% de couverture, un des taux les plus bas en la matière. Le constat n'est pas bon, quand on sait que la Turquie, à titre d'exemple, en est à 34%, et que la Finlande (comme exemple de pays développé) couvre 92% de ses salariés». C'était l'affirmation de Abdeljalil El Kholti, président de la Moroccan Occupational Health Association (MOHA), lors de la conférence autour de la candidature du Maroc pour abriter le 32e congrès mondial de l'International congress on occupational health (ICOH) à Marrakech. Ce congrès serait organisé en partenariat avec l'Association nationale des gestionnaires et formateurs de personnel (AGEF) et la Fondation Konrad Adenauer (K.A.S). Institutions et législation Autour du thème «La santé au travail au Maroc comme levier de performance pour les entreprises», divers intervenants du monde de l'entreprise ont été présents pour apporter un éclairage sur leurs propres expériences en matière d'organisation et de fonctionnement des services de santé au travail. Pour Khalil Kinani, secrétaire général de MOHA et chef de service de médecine du travail et de médecine préventive à la DRH de l'OCP, «nous devons démarginaliser la médecine du travail». Plus encore, aller d'une médecine du travail vers une perspective de santé du travail, en sensibilisant les collaborateurs à la protection et à la sécurité au sein des milieux et des chantiers. C'est donc une approche préventive, mais surtout impulsive qu'il faudrait adopter. En ce sens, le rôle de l'Institut national des conditions de vie au travail (INCVT) a été rappelé, alors que l'établissement semble toujours en état de stagnation. Cela dit, le secteur minier n'en est qu'à 47,8% de couverture par la médecine de travail et trouve beaucoup de mal avec l'assurance, vu les hauts risques qu'il représente et l'arsenal médical et juridique qu'il nécessite. Si le cadre juridique ne facilite pas la tâche, les professionnels présents ont tout de même confirmé une action de lobbying en ce qui concerne la remise à niveau des textes à travers, d'une part, l'activation des décrets d'application des lois existantes comme le Code du travail, et, d'autre part, l'élaboration d'une loi-cadre sur la santé et la sécurité au travail. Investissement rentable Il en va ainsi de leur propre rentabilité et de leur propre performance. «Un accident de travail coûtée trois fois les frais de sa prévention», confirme Mohamed Bachiri, DRH de Renault Maroc. Ce dernier a aussi parlé d'un référentiel de santé au travail international adopté par Renault Maroc et généralisé à Somaca. Donc l'investissement en matière de santé de travail est une obligation, non seulement des grandes entités qui ne composent que 5% du tissu entrepreneurial du Maroc, mais aussi des 95% restants des PME où l'insécurité professionnelle sévit toujours avec des chiffres affolants. (65.000 accidents de travail dont 14.000 graves au titre de l'année 2010). De ce fait, les grandes entités ont leur rôle à jouer, afin de permettre aux PME d'atteindre les standards en matière de sécurité et ainsi de réduire son coût, mais surtout pour espérer une compétitivité avec l'Irlande, permettant d'abriter le CIOH 2018. Pour rappel, le verdict est prévu pour le mois de mars, lors de l'ICOH 2012, qui se déroulera à Cancun au Mexique. Un budget de 2,5 MDH a été alloué pour le financement de cette candidature, vu que cette manifestation aura des retombées positives sur l'économie et le tourisme marocains.