«Le oui du Parlement européen est un coup de massue pour l'agriculture espagnole». C'est la première réaction de COAG, la Coordination des associations agricoles espagnoles, chef de file des contestataires de l'accord agricole Maroc-UE. Une fois que le verdict des eurodéputés fut prononcé, les agriculteurs manifestant devant le siège de la Commission européenne à Madrid ont plié bagage. À présent, ils veulent mener le combat sur un nouveau front. En effet, COAG qui ne se donne pas pour vaincue, a fait savoir qu'elle ne restera pas les bras croisés. Dans un communiqué, la Coordination a précisé qu'elle portera l'affaire devant la Cour de justice européenne pour faire appel de la décision de l'Hémicycle européen. De fait, COAG voyait la ratification venir et a d'ores et déjà sorti des tiroirs un document où elle retrace ce qu'elle considère comme des irrégularités tâchant le pacte. Le service juridique de cette puissante organisation compte saisir les juges européens à propos de deux points. Primo, le document en question évoque «une atteinte aux normes communautaires en relation avec les droits fondamentaux des consommateurs». COAG veut prouver au tribunal européen que les produits en provenance des pays tiers font fi des législations européennes en matière de respect des droits des travailleurs et des normes environnementales. Secundo, la riposte de COAG se veut aussi politique. Le recours s'en prendra au conflit du Sahara vu que les juristes de COAG veulent prouver une «violation du droit international à travers l'inclusion des territoires du Sahara Occidental». À l'heure de l'écriture de ces lignes, la réaction du gouvernement espagnol se faisait toujours attendre, quoique Canete se soit engagé, mardi devant le congrès des députés, à défendre énergiquement les agriculteurs de son pays par tous les moyens possibles. Mais des déclarations prononcées la veille du vote laissent entrevoir une attitude de résignation de la part de l'Exécutif espagnol. Il parait que le gouvernement espagnol, s'attendant à un verdict en faveur de l'accord, a entamé des démarches pour réclamer des dédommagements à ses producteurs. Arias a laissé entendre que son pays réclamera, dans le cadre de la politique agraire commune, «une profonde modification des mécanismes des prix d'entrée pour éviter la concurrence déloyale» des pays tiers qui ne respectent pas les contingents. Entendez le Maroc ! Canete veut que l'Europe épaule l'Espagne à barricader les frontières devant les contingents dépassant le quota consenti. De toute manière, les amendements que devraient apporter les eurodéputés prévoient des indemnités compensatoires pour les agriculteurs affectés.