Les eurodéputés semblent avoir pris leur décision par rapport à l'accord agricole. Les pronostics provenant de Bruxelles évoquent la possibilité d'un vote en faveur de l'accord, selon un calcul des intentions de vote. Les socialistes et la droite non-espagnole ont exprimé, dans une conférence de presse, leur projet d'entériner le pacte pour les bienfaits qu'il génère au niveau de la croissance et de l'emploi au Maroc, ont ainsi affirmé vendredi les porte-parole de ces groupes. Pour leur part, les libéraux européens devraient eux-aussi brandir un «oui» pour «cohérence avec l'appui au printemps arabe», ont-ils expliqué. Donc, sauf surprise de dernière minute, l'accord devrait avoir la bénédiction de l'hémicycle européen le jour J. Cependant, le lobby espagnol ne s'avoue pas vaincu. COAG, l'organisation regroupant les producteurs du secteur des fruits et légumes, brûle ses dernières cartouches, avant que le Parlement européen ne rende son verdict. Elle prévoit des manifestations permanentes entre les 14 et 16 février devant le siège de l'UE à Madrid. D'autre part, et dans une énième conférence visant à jeter l'opprobre sur l'accord, COAG a réitéré sa détermination à «lutter avant le vote et après» en cas d'un résultat qui ne soit pas du goût des contestataires. La multiplication des sorties médiatiques et d'actions de contestation montre que le vote favorable de la Commission du commerce international INTA du Parlement européen a planté une véritable banderille dans le dos du lobby espagnol. COAG est entrée en contact avec l'ensemble des eurodéputés, auxquels l'association a transmis des rapports dits détaillés sur le «danger» que représente la décision d'élargir les contingents. Les lobbyistes ont appelé les représentants de la communauté européenne à rejeter l'accord, car selon eux, «après vingt ans, ces accords n'ont aidé ni la population marocaine, ni le secteur agricole andalou». Tous les coups sont permis ! Après l'échec de la stratégie de dénigrement, place aux supplications. Les producteurs surfent sur la fibre européenne, en exhortant les eurodéputés à prendre en considération la situation critique de l'économie espagnole et les coupes budgétaires qui affectent le pays. Pour atteindre l'objectif, tous les coups sont permis. Les professionnels espagnols n'hésitent pas à gonfler les chiffres des prétendus préjudices. Si auparavant le secteur parlait de pertes d'emploi de l'ordre de 50%, à la veille du vote, ils ont sorti le taux de 90%. Il est à souligner que depuis les dernières rencontres des responsables marocains et espagnols, l'Exécutif de Rajoy semble se murer dans le silence à propos de sa position sur l'accord. Cela pousse le secrétaire général de COAG Andalousie, Miguel Lopez, à demander au gouvernement de son pays d'afficher clairement la couleur. Le représentant des intérêts des producteurs a appelé l'équipe de Rajoy à considérer le sujet comme «une affaire d'Etat», vu que l'entrée en vigueur du protocole causera de «graves dommages» au secteur des fruits et légumes. Les lobbyistes ont appelé le gouvernement de Rajoy à faire prévaloir la carte de la récession économique pour que l'hémicycle européen se rallie à leur cause. Ces arguments sont, selon eux, infaillibles et renforcent la plaidoirie espagnole. De surcroît, les contestataires en veulent à l'UE. Ils l'accusent d'avoir relégué les intérêts d'un pays communautaire au second plan. «Nous avons cédé énormément de souveraineté à l'UE, qui signe des accords en notre nom qui nous portent préjudice», se plaignent-ils.