Ahmed Ghayet, Président de l'association «Marocains Pluriels» Les Echos quotidien : Vous venez d'inaugurer un «Espace Pluriels» à Mohammedia que vous annoncez comme le premier d'un vaste programme. Quelle sera la vocation de ces espaces ? Ahmed Ghayet : Il s'agit de mini-centres culturels où l'on fera en sorte que les jeunes puissent se rencontrer, échanger, dialoguer et donc, mieux se connaître sur des valeurs de diversité, de tolérance et de partage. C'est d'ailleurs pourquoi, et vous l'aviez remarqué avec l'inauguration du premier «Espace Pluriels» de Mohammedia, nous privilégions la proximité avec les quartiers populaires pour avoir un ancrage dans la société. Ainsi, nous arriverons à instaurer un cadre de rencontre et d'échanges entre peuple de civilisations différentes. Notre objectif n'est pas de devenir un mouvement ou une association élitiste qui ne fait que parler à ses adhérents, loin de là ! Nos espaces ont vocation à s'ouvrir à tout le monde parce que le pari qu'on s'est donné c'est de promouvoir la diversité. On remarque une forte implication des MRE dans les activités de votre association, quel rôle ont-ils à jouer ? Effectivement, ils sont assez nombreux et moi même j'en suis un d'ailleurs, et je peux vous assurer qu'ils ont tous leur place. Par expérience, nous nous sommes rendus compte que les jeunes d'ici ont une mauvaise image des jeunes marocains qui viennent d'ailleurs, et vice versa, eux aussi ont une image négative des jeunes d'ici. Nous voulons faire comprendre à la nouvelle génération, à travers le dialogue et les activités multiculturelles, que l'image du Royaume comme terre d'accueil est forte parce qu'elle est composée de plusieurs tendances culturelles qui font le Maroc d'aujourd'hui, et qu'il faudrait œuvrer à la préserver et plus à la promouvoir. Regardez le cas de notre culture urbaine actuelle qui s'est enrichie d'affluence et d'influence venues d'ailleurs, ça a apporté un plus à la culture marocaine. Même chose si vous prenez le cas du dialecte marocain qui depuis nos ancêtres s'est enrichi d'un mélange de genres empruntées aux langues berbère, arabe, espagnole ou française. Notre identité ne doit pas se refermer mais plutôt s'ouvrir et c'est ainsi qu'on devient pluriel. Alors entre «choc» ou «brassage» de civilisation ou de culture, lequel vous est le plus adapté ? Brassage de civilisation bien sûr...