Ne vous méprenez pas sur moi, car ce titre est trompeur. Je vous rassure : je suis un papa poule dans toute sa splendide candeur. Je me sens toujours désarmé face aux enfants, et la seule arme qu'il m'arrive d'utiliser contre eux c'est, justement, le bec. Et, vous me connaissez, j'ai un bec plutôt bien aiguisé. En fait, je suis sûr que vous avez déjà deviné de quel «père fouettard» il s'agit. Je sais que vous suivez très bien l'actualité, la preuve, vous me suivez... Bien sûr, c'est la formule qu'a utilisée le nouveau sélectionneur des Bleus, l'excellent Laurent blanc. En effet, le jour où il a pris officiellement sa fonction, il avait sorti cette phrase historique et néanmoins sournoise : «Je ne suis pas devenu sélectionneur pour devenir le Père Fouettard». À première vue, c'était rassurant, mais c'était si cynique que, personnellement, je n'en avais pas cru un mot. Ce n'est pas pour me jeter des fleurs, mais, moi, le cynisme, j'en connais un rayon. Bien entendu, ce qu'il entendait par là, c'est qu'il n'allait punir personne. Qu'est-ce qu'il est gentil, mon petit Laurent avec son grand cœur tout blanc ! Moins de 20 jours après cette déclaration édifiante et lénifiante, Laurent Blanc, notre «père pas fouettard», a rué dans les brancards. Tous punis ! Toute l'ancienne belle équipe rebelle, à la trappe ! Si je vous raconte ça, ce n'est pas pour faire l'apologie de la «table rase», méthode chère à certains patrons pour marquer leur arrivée aux commandes et, surtout, pour avoir les nouvelles équipes bien en main. Mais, après avoir réfléchi un petit peu, je me suis dit qu'après tout, au fond, ce n'est pas forcément une mauvaise idée, et pas seulement sur le terrain du football. Tenez, par exemple, et rien qu'entre nous, vous n'aimeriez pas, juste pour rigoler un bon coup, qu'on nous désigne un Laurent Blanc «politique», du genre sélectionneur pas «fouettard», n'est-ce pas, et qu'on lui donne carte blanche – quelle coïncidence ! - pour remettre à niveau l'ensemble de notre classe politique. Vous voyez, je ne me limite pas au seul gouvernement, car je ne veux pas être trop injuste. Nos ministres valent ce qu'ils valent, mais, les pauvres, ce n'est pas de leur seule faute. C'est pour ça que, tant qu'à faire, il vaut mieux revoir le tout : gouvernement, bien sûr, mais aussi, Parlement, partis, syndicats, et toutes les autres organisations plus ou moins institutionnelles de type société civile et autres...Tout ça, et... c'est tout. Ouste ! Tout le monde dehors ! Et à leur place, mesdames et messieurs, on ne mettra que du neuf, que du jeune, que du vierge, que du frais... Oui, bien sûr, au début, ils barboteront un peu, mais après, ils prendront le cap. Je suis sûr que vous allez être sceptiques, mais je vais vous dire une chose : on nous mène déjà en bateau depuis longtemps, qu'est-ce qu'on perd à essayer ? Alors, chiche ?