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Quotas, tout ça pour ça !
Publié dans Le Soir Echos le 12 - 05 - 2011

Les deux enquêtes, visant à faire la lumière sur l'affaire des « quotas » qui secoue le football français depuis plusieurs jours, ont rendu leur verdict mardi après-midi. Suspense...
Tout ou presque a été dit sur cette réunion du 8 novembre dernier. L'indignation, le soutien au sélectionneur, etc… Mais afin de se faire une réelle idée, reprenons le verbatim de cette discussion, publié par Mediapart il y a quelques jours : Erick Mombarts, sélectionneur de l'équipe Espoir : «est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité ? » Réponse de Laurent Blanc, sélectionneur de l'équipe A : « moi j'y suis tout à fait favorable. Sincèrement, ça me dérange beaucoup [...] A mon avis, il faut essayer de l'éradiquer. Et ça n'a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l'équipe nationale dès 16 ans (…) et qu'après ils vont jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément».
La formulation est certes maladroite, mais si on se met dans la tête du «président», comme l'appelaient ses coéquipiers lorsqu'il était joueur, ce qu'il recherche désormais en tant qu'entraîneur, ce sont les meilleurs. Lors de la Coupe du Monde 2010, neuf footballeurs français jouaient la compétition avec une autre équipe. Ces binationaux sont nés et ont grandi en France, mais ont choisi de jouer pour leur pays d'origine, celui de leurs parents. C'est ça qui gêne Laurent Blanc. C'est compréhensible quand on se met dans la peau d'un compétiteur qui cherche à rassembler la meilleure équipe pour gagner, mais c'est mal connaître l'histoire de France.
Cependant, l'inverse est également compréhensible. «Si le mec a envie d'être international, c'est quand même normal qu'il aille vers un pays où il va pouvoir jouer. Je pense que c'est humain», a rétorqué Francis Smerecki, l'entraîneur des moins de 20 ans. «On ne veut pas éliminer les étrangers, pas du tout, mais faire en sorte que les pôles Espoirs ou les pôles de la DTN testent sur des critères mieux définis, pour pouvoir attirer d'autres personnes, parce que si on a toujours les mêmes critères, il y aura toujours les mêmes personnes», répond Laurent Blanc avant d'ajouter : «qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks. Et c'est comme ça, c'est un fait actuel». Il n'a pas tort, mais derrière ces paroles à nouveau maladroites se cache la volonté de voir différents talents éclore et d'éviter une uniformisation des gabarits. Son but : un meilleur football et des victoires. Qui est contre ?
Les fameux quotas n'ont été évoqués ce 8 novembre qu'à un moment entre Erick Mombaerts et François Blaquart, le directeur technique national : «donc il faut 30 % ? Un tiers de gamins qui peuvent changer de nationalité ?», demande Mombaerts, ce à quoi réponds sans concession Blaquart : «même pas. On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit». Quand bien même elle serait évoquée, jamais une telle décision ne pourrait passer inaperçue au niveau national.
Dans ce tourbillon médiatique, tout le monde a cru bon de donner son avis. La génération de la victoire de 98 s'est déchirée avec d'un côté Thuram et Vieira, en faveur de l'éviction de Laurent Blanc et de l'autre, Zidane, Lizarazu et Dugarry, défendant l'actuel sélectionneur en parlant « d'un mauvais procès » à son encontre.
Pour clore les débats mardi dernier, la ministre des Sports, Chantal Jouanno, ainsi que l'enquête interne de la Fédération française de football, ont rendu leur verdict : Laurent blanc est dédouané des accusations de discrimination et de quotas. «Ce que montre très bien la commission, c'est que Laurent Blanc assistait en réalité pour la toute première fois à ce type de réunion et à ce débat. Il n'en était pas l'organisateur, il n'en était pas le pilote», a indiqué Chantal Jouanno mardi lors d'une conférence de presse. Alors qu'il a repris une sélection tricolore au plus bas après la catastrophe Sud-africaine, Laurent Blanc semble tout de même accuser le coup : «depuis que je suis à la tête de l'équipe de France, je n'ai eu à gérer que des problèmes», a-t-il lâché, après s'être excusé, une nouvelle fois, pour ses propos.
En résumé, cette affaire n'en est pas une bien que les Français raffolent de ce genre de tourbillon médiatique. Si des têtes doivent tomber à la Fédération, qu'elles tombent, mais laissez Laurent Blanc travailler. Parce que c'est le frisson de la victoire que tous les Français attendent depuis 98. La victoire d'une équipe Black-Blanc-Beur….
Merwann ABBOUD


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