J'ai toujours pensé qu'Internet était une invention du diable, mais aujourd'hui, j'en suis sûr. Vraiment, Internet, ça peut rendre de sacrés services, en tout cas, à des mecs diaboliques comme moi. Les autres, ça ne me regarde pas. Ou plutôt, si. Tout ce qui ne me regarde pas, justement, me regarde. C'est le fondement même de mon fonds de commerce. Tenez, par exemple, aujourd'hui, alors que je cherchais péniblement un bon sujet à traiter pour vous, je reçois sur ma boîte mail, directement sur mon téléphone portable – c'est beau la technique ! – un message d'un pote, et qu'y lis-je ? «Va vite sur cette adresse Youtube.... et tu vas mourir de rire. Il ne croyait pas si bien dire : effectivement, on y meurt de rire. Une super vidéo empruntée – c'est le comble du diabolisme - à notre très officielle chaîne nationale, où l'on voit, que dis-je ? Où l'on admire un des spectacles les plus loufoques que notre chère télévision nous ait présenté depuis sa création. Je dois dire qu'au fond, pour une fois, elle n'y est pour rien, la pauvre, car elle n'a fait, cette fois-ci, que rapporter fidèlement à l'image près, un numéro des plus tragiquement comiques que notre gouvernement actuel nous ait offert depuis sa nomination. C'est un spectacle complet. On voit, dans pratiquement une seule et même séquence, grâce à la technique du champ/contrechamp, la totalité d'un spectacle... désolant. D'un côté, avec comme décor d'arrière-plan, un vide sidéral, un honorable parlementaire pose une question, avec une éloquence mesurée et le sérieux qui se doit, sur les ravages que ferait un dangereux moustique sur la population d'une région que je pensais, jusque-là, personnellement, plus ou moins «protégée» ; de l'autre côté, une ministre assise, seule contre tous, avec, elle aussi, un arrière-plan des plus désertiques, et qui, avant même que l'honorable parlementaire ne finisse de poser sa question piquante, se prend d'un fou-rire qui est, le moins qu'on puisse dire, déplacé. Et quand elle finit enfin par se lever pour répondre, elle met un temps assez long à se donner une contenance sérieuse, allant jusqu'au bout de son fou-rire qui ne prête vraiment pas à rire. Oui, je ne vous le cache pas, moi qui aime bien rigoler, et surtout des autres, là, je n'ai rien pigé. Je ne prétends pas être un spécialiste de l'humour, mais je crois qu'il y a des limites à ne jamais dépasser, sinon, on se retrouve dans l'indécence. Mais, bon sang, la question concernait quand même des gens, des êtres humains dont le seul péché, c'est de se trouver à un moment donné au mauvais endroit, ce qui leur a valu d'être piqué par des insectes insidieux et peut-être très dangereux ! Et c'est ça, mesdames et messieurs, qui fait rigoler notre rigolote de ministre. Lamentable ! Tiens ! Ca serait marrant d'amener quelques spécimens de ces moustiques et de les jeter dans son bureau, histoire de rigoler un bon coup. Et ça, Madame la ministre, vous trouvez ça drôle ?