Je vous préviens tout de suite que cette chronique ne va pas être marrante. Je le dis et je l'écris souvent: on ne peut pas rigoler de tout. En fait si, mais ça serait alors un rire nerveux. Je vous préviens tout de suite que cette chronique ne va pas être marrante. Je le dis et je l'écris souvent: on ne peut pas rigoler de tout. En fait si, mais ça serait alors un rire nerveux. Et pour être énervé, je le suis aujourd'hui au plus haut point. Vous savez, s'il y a un truc qui m'irrite, qui m'agace, qui m'horripile, qui me révolte, c'est la démagogie. Et qui dit démagogie, dit manipulation. C'est vrai qu'il y a aussi parfois une part de manipulation, mais positive, dans, par exemple, un acte de séduction, que ce soit en amour, en communication, en publicité et même, oui, pourquoi pas?, en politique. Car, contrairement à une idée bien ancrée chez beaucoup, la politique n'est pas fondamentalement malhonnête. Bien au contraire, la politique permet à tout un chacun et toute une chacune de se prendre en charge, socialement, économiquement, culturellement, bref, «politiquement». Donc, ne pas s'intéresser à la politique, c'est la meilleure manière de se livrer pieds et mains liés à ceux qui, eux, utilisent la politique comme arme majeure de pouvoir et, on y revient, de manipulation. C'est le grand Voltaire qui a dit un jour que «la politique, c'est l'art de mentir à propos». D'ailleurs, dans le monde de la pub, on appelle ça, pudiquement, «mentir par omission». On dira volontiers que telle marque d'huile va donner à vos frites un aspect croquant et doré, mais on ne dira jamais que c'est mauvais pour vos artères. En politique, on fait un peu la même chose, mais on fait surtout le contraire. Prenez cette affaire de subventions dont bénéficieraient «abusivement» certaines personnes, physiques ou morales, et dont on tartine, matin et soir, les pages d'une «certaine presse». Franchement, c'est indécent. Je sais que l'air du temps veut absolument nous montrer que nous sommes entrés dans une nouvelle ère fondée sur la lutte contre «le Fassad». «Fassad», c'est ce mot diabolique devenu magique par la seule loi de la répétition. Mais, si on veut vraiment mener un combat sincère contre la malhonnêteté dans toutes ses formes, il faut commencer par faire preuve, justement, d'un minimum d'honnêteté intellectuelle. Les politiques sont souvent enclins à faire des raccourcis sémantiques pour marquer des buts contre leurs adversaires. Or, dans tous les sports, il y a des règles strictes à respecter. Et si les hommes – et les femmes - politiques ne veulent pas trop se soucier de ce type de contraintes, la presse, et plus particulièrement la nôtre, devrait faire un peu plus attention, et ne pas se laisser manipuler, même si son business s'en ressent. Dites-moi, messieurs et mesdames les journalistes, que signifie de titrer à la Une : «Voici les personnes qui bénéficient des aides de la part du Conseil de la ville», en mettant leurs photos bien en vue, alors que l'article qui accompagne ce titre parle de subventions légales et votées accordées à des associations légales et reconnues ? Or, on sait que souvent beaucoup de lecteurs et lectrices s'arrêtent aux titres et aux photos. ça, ce n'est plus du journalisme, c'est de l'appel à l'émeute! Hier, on est revenu à la charge en s'attaquant, au nom de la sacro-sainte «transparence», à «L'aide qui vient de l'étranger» ! De quelle aide s'agit-il ? De l'aide aux associations, pardi ! Chers amis et chers «frères», je n'ai pas de leçons à vous donner, mais je pense que vous jouez avec le feu. A force de vouloir être transparents, vous risquez de devenir vous-mêmes trop visibles. Et là, c'est vous qui risquez d'être visés. Je vous aurais prévenus. Je suis désolé d'être aussi sérieux, mais ce sont eux qui ne sont pas marrants. Bon week-end les innocents et bon courage les autres.