Par des mouvements significatifs, sans forcément chercher l'harmonie, des femmes expriment des idées à travers des gestes. Les yeux bandés, elles demandent : «Qui es-tu pour me contrôler ?». De Tanger à Tétouan, en passant par Al-Hoceima, elles tiennent à faire entendre leurs voix. Elles sont une dizaine de Marocaines, et s'apprêtent à en accueillir d'autres venues de tous horizons pour condamner d'une même voix le viol et le harcèlement sexuel à l'égard des femmes. "La dynamique de mon corps, c'est ma liberté" (دينامية جسدي حريتي), c'est un projet mené par Khadija Tmana. L'artiste-peintre a mobilisé ces femmes dans la continuité du mouvement né récemment au Chili avant d'être repris dans d'autres pays, par lequel plusieurs femmes pratiquent une chorégraphie aux rythmes de la chanson "El violador eres tù". Dans ce mouvement, les femmes appellent à la liberté de disposer de leur corps, mais pas seulement. Elles dénoncent les inégalités, la violence, le patriarcat.. «Mon corps m'appartient, pas à vous, ni à eux, ni aux juges», chantent-elles. «Nos droits nous appartiennent. ce ne sont pas ceux de notre famille, nos cousins, du système judiciaire ou de la police», lance Khadija Tmana. L'artiste annonce qu'une performance symbolique est prévue prochainement dans les rues de Tétouan, Tanger et Al-Hoceima, où jeunes hommes et femmes "s'exprimeront par leur corps, à travers leurs regards et le regard que la société porte sur la femme".