Près de 600 convives, incluant journalistes, officiels et VIP étaient présents lors de l'inauguration de l'usine Renault Tanger-Med. La cérémonie a été orchestrée par tout un dispositif protocolaire et elle a été présidée par le roi Mohammed VI, ainsi que par le président du groupe Renault, Carlos Ghosn. La veille de son inauguration, ce complexe industriel a ouvert ses portes à la presse nationale, mais pas pour tout découvrir. La raison en est que l'usine est actuellement «en confidentialité», c'est-à-dire en cours de production d'un véhicule non encore dévoilé, puisqu'il s'agit du futur ludospace de Dacia. C'est d'ailleurs pour la première fois au monde qu'une usine démarre son activité en produisant simultanément deux nouveautés. Un vrai défi ! Depuis la case départ Malgré cela, il est tout simplement impressionnant de voir comment une telle structure a pris forme, alors que les 300 hectares qu'elle occupe étaient encore un vaste terrain nu, il y a moins de trois ans. l faut savoir que dans cette usine, qui emploie actuellement près de 2.400 personnes, le travail a déjà commencé depuis plusieurs semaines. Les employés sont de vrais «lève-tôt», puisqu'ils démarrent leur activité à 6h et s'arrêtent précisément à 16h50. Avant d'opérer au cœur de l'usine, tous sont passés par le bâtiment d'à côté, soit celui de l'Institut de formation aux métiers de l'industrie automobile de Tanger Med (IFMIA TM). S'étendant sur 5.600 m2, ce centre abrite différents ateliers ou écoles (logistique, tôlerie, carrosserie, peinture, montage, électromécanique, automatisme, dextérité...). Et l'apprentissage de chaque métier commence par les notions les plus élémentaires et les gestes de base, avec les mêmes outils que ceux que l'apprenti utilisera plus tard dans l'usine. À titre d'exemple, on apprend à manier et à conduire un chariot élévateur à fourche dans l'école de logistique, tandis que dans l'atelier de montage, les apprentis vissent, dévissent et revissent des composants durant des heures. Ce sont ces gestes répétitifs qui entraînent l'apprentissage, qui doit lui-même aboutir à la dextérité, condition sine qua non imposée à l'apprenti, qui doit effectuer entre 4.500 et 6.000 cycles de travail avant d'être titulaire d'un poste de travail. En effet, s'il y a un mot qui revient régulièrement dans cet institut de formation, c'est bien celui de : qualité. Afin de répondre aux standards internationaux de qualité de Renault, opérateurs et chefs d'ateliers ont effectué plusieurs mois de formation, le plus souvent à l'étranger, dans d'autres site du losange. Sur un plan architectural, le site de Tanger est ce qu'on appelle dans le jargon une «usine-fille». C'est-à-dire qu'elle a été calquée sur une «usine-mère» qui lui a servi de modèle et qui est, dans le cas présent, l'usine Renault de Chennai, en Inde. Pour une meilleure optimisation des proccess de production, la partie principale de l'usine a été aménagée en longueur (2,5 km), soit avec un flux en «i». Grande nouveauté au Maroc, l'usine de Tanger intègre un département d'emboutissage. Celui-ci occupe une surface de 25.000 m2, dans laquelle sont stockées jusqu'à 350 bobines de tôle. Ces feuilles sont d'abord découpées, puis passées sous des presses qui, par la force de leur poids (jusqu'à 2.000 tonnes), les transforment en pièces d'aspect (capot, aile, panneeaux de porte...) ou de structure. Disposées en tandem, ces presses effectuent jusqu'à 30.000 coups de découpe par jour et presque autant en coups de presse, réalisant ainsi quelque 52.000 pièces par jour. Entre la partie emboutissage et celle de la tôlerie où démarre l'assemblage, ces panneaux de carrosserie passent par une «défauthèque», où un contrôleur vérifie leur état et leur galbe. Les carrosseries assemblées et soudées passent par l'atelier de peinture, après avoir plongé dans un bain d'acide pour le traitement anti-corrosion. Après cela, elles passent à l'atelier de montage des organes finaux (moteurs, boîtes, sièges...), qui n'a pas été visité pour des raisons de confidentialité. Il y a lieu de noter que l'usine puise son électricité de 2 lignes de 60.000 volts, dont une partie provient d'éoliennes. C'est aussi et surtout une usine à zéro rejet de liquide industriel et zéro émission de CO2 en production d'énergie thermique, grâce à sa chaufferie biomasse. Enfin, outre une série d'aires de stockage, l'usine compte sur un joli dispositif logistique pour sa partie export. Un «buffer» (sorte de petite station ferroviaire) voit régulièrement défiler les voitures neuves chargées sur un train porte-véhicules, qui les achemine sur 30 km de voie ferrée directement vers le port de Tanger-Med. Avec 230 voitures chargées par trajet, ce train qui effectue une moyenne de 3 courses par jour, achemine vers les bateaux d'importants flux. On rappellera au passage que la production totale de l'usine atteindra bientôt 170.000 unités, puis visera les 400.000 à l'horizon 2014, dont une grande partie destinée à l'export. Bref, partie de rien il n'y a même pas trois ans, l'usine tangéroise de Renault va désormais s'ouvrir au monde entier. Chaufferie biomasse, une première mondiale Que ce soit pour chauffer les étuves de peinture, les bains d'acide pour la cataphorèse, ou même l'air de la ventilation du chauffage, l'usine utilise un procédé mis au point par Véolia Environnement. Il s'agit de la chaufferie biomasse, qui recourt à deux gigantesques chaudières de 1.200 degrés, qui brûlent du bois d'eucalyptus et des noyaux d'olive 24h/24, produisant jusqu'à 6 mégawatts pour fournir de l'eau surchauffée. Les résidus de bois sont stockés dans un gigantesque dépôt et acheminés sur tapis automatisé jusqu'à la chaudière. Une véritable prouesse technologique, dans le sens où l'énergie thermique produite réduit de 98% les émissions de carbone. À elle seule, cette innovation confirme le label «green field» de Renault Tanger Med.