Plus qu'une simple inauguration d'usine, c'est le début d'une nouvelle collaboration Nord-Sud, et même au-delà, qui se dessine avec l'ouverture aujourd'hui du complexe industriel automobile de Renault à Tanger Med. Le directeur turc de l'unité de Tanger, Tunç Basegmez, affirme qu'au démarrage, les grands clients de l'usine «seront les pays d'Europe». A terme, le complexe industriel, appelé à produire jusqu'à 400.000 véhicules «low cost» par an, exportera à 85% de sa production, et pas uniquement en Europe. De par sa situation, à une trentaine de kilomètres du port de Tanger, le site de Melloussa, place la nouvelle usine du constructeur automobile français «tout proche de l'Europe», de plain pied en Afrique et à proximité du Moyen-Orient. Pour le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Abdelkader Aâmara, cette unité de production «devra générer 3,5 milliards d'euros d'exportations supplémentaires au profit du Maroc». Pour l'heure, l'usine, qui est dotée pour l'instant d'une ligne d'assemblage d'une capacité de 170.000 unités par an, a commencé la production d'un monospace à bas coût (moins de 10.000 euros), le Lodgy. Ce dernier, sera avant tout lancé sur le marché français, peu avant le marché marocain, annonce Basegmez. Soulignant sa satisfaction quant au déroulement des étapes de l'installation et du démarrage de l'usine, le directeur local a expliqué aux médias présents à l'inauguration que Renault table sur un développement progressif de l'activité de cette nouvelle usine et une augmentation de ses capacités de production dans les prochaines années. Véritable innovation industrielle, le complexe Renault marque le secteur non seulement par son envergure mais également par son originalité. C'est en effet, la première unité de production automobile au monde à se doter de la première chaufferie biomasse. Que ce soit pour chauffer les étuves de peinture, les bains d'acide pour la cataphorèse, ou même l'air de la ventilation du chauffage, l'usine tangéroise de Renault utilise un procédé mis au point par Véolia Environnement. Il s'agit de la chaufferie biomasse, qui recourt à deux gigantesques chaudières de 1.200 degrés, qui brûlent du bois d'eucalyptus et des noyaux d'olive 24h/24, produisant jusqu'à 6 mégawatts pour fournir de l'eau surchauffée. Les résidus de bois sont stockés dans un gigantesque dépôt et acheminés sur tapis automatisé jusqu'à la chaudière. C'est une première mondiale dans l'industrie automobile et une véritable prouesse technologique, dans le sens où l'énergie thermique produite réduit de 98% les émissions de carbone. C'est un vrai plus pour le développement durable. A elle seule, cette innovation confirme le label «green field» de Renault Tanger Med.