Les relations franco-marocaines sont complexes de par leur transversalité et leur ancrage politico-économique. On dirait un couple qui se chamaille tout le temps sans jamais envisager le divorce. À voir El Otmani aux côtés d'Edouard Philippe, esquissant le sourire des grands jours, on ne pourrait imaginer que, quelques jours auparavant, la tension entre les deux clans était à son comble avec des menaces à peine voilées de pousser les géants de l'automobile, installés au Maroc, à fermer boutique et à reprendre le chemin de l'Hexagone. Les experts des relations bilatérales ne s'en étonnent pas. Car il est tout simplement question d'intérêts, chacun essaie d'en tirer le maximum. Maintenant, dans les faits, on sait pertinemment que la sortie du ministre de l'Economie français, Bruno Le Maire, relayée par des médias français, n'est que pure intimidation et pression exercée avant l'attribution du marché du TGV Casablanca-Marrakech et de la voie ferrée Marrakech-Agadir. Des pratiques obsolètes et post-coloniales. Lesdits projets intéressent la Chine et probablement d'autres pays comme l'Allemagne; la concurrence est donc ouverte et il n'y a aucune raison de passer ce marché de gré à gré. En revanche, il y a un dossier qui devrait inquiéter le Maroc et qui n'a pas été soulevé lors de ce comité mixte, à savoir la fuite des cerveaux marocains vers la France. Il ne s'agit pas que d'une immigration spontanée: une autre est orchestrée par des agences spécialisées qui agissent sur le sol marocain au profit de grands groupes français. Ce ne sont pas moins de 500 ingénieurs, médecins, informaticiens qui débarquent ainsi chaque année! Il va falloir se dire ses quatre vérités pour avancer sereinement. On ne peut bâtir une solide relation sur la base de suspicions, de pressions et de la seule volonté de faire un maximum de business. Il faut donc mettre un terme à toute forme de schizophrénie dans ce couple condamné a cohabiter, mais dans le respect et la dignité de tout un chacun.