Bourgade du Nord, creuset des rencontres internationales depuis trente deux ans déjà, Asilah est désormais la ville de pèlerinage d'un parterre d'intellectuels et d'artistes qui, venus du monde entier, sont aujourd'hui attirés par un événement culturel où la démarche participative de l'intelligentsia internationale constitue le nerf de la guerre. C'était en 1978 quand Mohamed Benaïssa, homme politique marocain zailachi (originaire d'Asilah), encouragé par les potentialités de la ville, avait lancé une opération de propreté. Une dizaine d'artistes prennent part à l'événement et par là, les murs de la ville se trouvent parés de dessins et de belles fresques colorées qui, sans bousculer le blanc innocent qui couvre la ville, revêtent ses murailles de notes chromatiques dont Asilah n'a pu s'en détacher. C'est le début d'une longue période où les vagues viendront caresser tous les ans une cité blanche, devenue une confrérie à ciel ouvert pour le pèlerinage de tous les arts et de leurs faiseurs. C'est une fenêtre sur cour artistique qui s'est ouverte, particulièrement au regard des pays arabes. Le festival international d'Asilah, communément appelé «moussem», trouve une grande partie de son identité dans son appellation. Au vu de son caractère éclectique, des opportunités combien abondantes qu'il concède, l'événement a ouvert l'espace et dorloté le temps pour que cette occasion d'échanges et de rencontres puisse perdurer. Confrérie culturelle intramuros C'est ce samedi 10 juillet que le moussem débute pour durer jusqu'au 28 juillet prochain. Ouvert sur le monde tel qu'il a toujours existé, le festival reçoit cette année les Emirats arabes unis, comme invité d'honneur et principal représentant. «C'est une occasion de faire connaître la création artistique et le patrimoine culturel des Emirats», lit-on dans un communiqué de presse, à l'occasion. Une reconnaissance de la dynamique culturelle du pays qui a motivé la participation du pays invité à prendre part aux représentations folkloriques, à l'exposition calligraphique et aux rencontres poétiques. D'autres expressions culturelles mettront en exergue les efforts de l'EAU pour le soutien de la musique arabe et l'encadrement des jeunes talents. Les actions dans ce sens ont débuté à travers Bait Al Oud et le centre Al Ayn de la musique du monde musulman. Le cinéma local ne sera pas en reste, des projections de courts-métrages réalisés par des cinéastes émiratis accompagneront la mise en place de workshops et conférences pour le domaine politique, diplomatique, artisanal et celui de l'édition. Le moussem d'Asilah est bien plus que ça ! Des séances de peinture murale, des ateliers d'arts graphiques et de céramique constituent une pédagogie d'appel, une éthique de participation qui se maintient pendant les 20 jours. Dotée d'un palais de la culture, du centre Hassan II pour les rencontres internationales, de la bibliothèque du Prince Bandar et d'autres infrastructures, Asilah est aujourd'hui une fresque où une continuité discursive des arts trouve son assise. Mahacine mokdad