«Très sexy, l'Afrique !» Aussi osée que puisse paraître la comparaison, l'attractivité dont jouit actuellement le continent auprès des investisseurs internationaux ne pourrait s'accommoder d'un autre qualificatif. La preuve, une fois de plus, vient d'être administrée par l'étude que vient de mener l'Economist Intelligence Unit, le groupe de recherche et d'analyse du quotidien britannique The Economist, pour le compte du fonds souverain d'Abu Dhabi, Invest AD, gestionnaire des fonds en Afrique et au Moyen-Orient. Principale conclusion de l'enquête: «le continent sera la destination la plus attractive au monde pour les grands investisseurs institutionnels internationaux pendant la prochaine décennie». Dans le top 10 des pays africains, le Maroc arrive à la 8e place des pays offrant le plus d'opportunités d'investissements dans de secteurs potentiellement porteurs, ce qui ouvre de réels perspectives pour la poursuite des IDE en direction du royaume. Au delà du classement, ce sont les critères prisés par les investisseurs pour justifier leur intérêt à l'endroit du continent. Ce sont des critères dont certains peuvent paraître discutables, notamment, ceux liés aux risques politiques, mais qui apportent une nouvelle approche dans l'analyse des indicateurs d'attractivité et de compétitivité, qui vont au delà des simples considérations d'ordre général, jusque-là mises en avant pour identifier les pôles d'expansion et les relais de croissance pour les investisseurs privés institutionnels. Le Maroc sur la bonne route En tenant justement compte de ces critères, le Maroc apparaît en pole position pour attirer ces nouveaux venus sur le marché. Sur les 158 investisseurs institutionnels sondés, la majorité a affirmé avoir des ambitions sur le continent alors que seuls 45% disposent actuellement d'un investissement sur le continent, avec moins de 1% de l'ensemble des actifs qu'ils totalisent. Cela prouve, si besoin, est qu'il y aura une véritable vague déferlante d'IDE sur le continent dans les prochaines années. L'image du Maroc chez les investisseurs, qui figurent parmi les champions du continent, est à ce niveau assez séduisante et le royaume pourrait glaner des points supplémentaires, à moyen terme, au regard des indicateurs mis en avant par l'étude et sur lesquels le progrès a été remarquable, comme le confirme d'autres réformes récentes allant dans le même sens. Sur certains aspects, le royaume perd en effet face à des concurrents de taille qui se classent au sommet du classement. C'est particulièrement le cas pour le critère démographique, lequel est pour les investisseurs, un critère par excellence de la présence d'un marché important de consommateurs. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, des pays comme l'Egypte et le Nigéria figurent devant le Maroc et la Tunisie se positionne au milieu du rang au même titre paradoxalement que l'Algérie. En effet, si la taille du marché des consommateurs est un indicateur, somme toute, objectif du potentiel d'un pays en matière d'investissements, d'autres s'ajoutent sur la liste des ingrédients capables de séduire les investisseurs. Parmi les plus importants, celui de la gouvernance, avec tout ce que cela recouvre comme concepts (corruption, justice, transparence,...). «Les investisseurs institutionnels reconnaissent une Afrique qui est mieux gouvernée, moins dépendante des activités d'extraction de ressources naturelles et de plus en plus dominée par les attentes de la classe moyenne», explique en ce sens, Nazem Al Kudsi, président directeur général d'Invest AD, commanditaire de l'étude. C'est un aspect sur lequel les réformes politiques engagées par le Maroc lui ont valu de se démarquer, sur le plan régional, par une stabilité à toute épreuve et qui constitue un argument qui compte. En outre, les garanties données par les nouvelles autorités pour la poursuite des réformes tendant à l'amélioration de la gouvernance, de l'ouverture et de la diversification de l'économie constituent un autre gage rassurant s'inscrivant dans la même lignée. Pour certains pays comme l'Egypte et le Nigéria,les incertitudes par rapport à l'issue des crises politiques en cours qui paraissent incertaines, sont de nature à réorienter les investisseurs vers d'autres horizons. Créneaux d'expansion Les autres arguments décisifs qui comptent chez ces derniers sont l'augmentation annoncée des dépenses de consommation sur le continent de 60%, à 1.400 milliards de dollars d'ici à 2020, selon des chiffres de la Banque mondiale, qui cadrent parfaitement avec le programme de renforcement du pouvoir d'achat des Marocains promis par le cabinet Benkirane. Selon les auteurs du rapport, «les investisseurs interrogés considèrent l'émergence d'une classe moyenne et la croissance de la consommation comme l'aspect le plus séduisant sur les marchés africains». Les investisseurs dénotent néanmoins une très forte dépendance des économies africaines à l'endroit des cours des matières premières. Les secteurs les plus prometteurs et où les opportunités d'investissement sont visibles sont également pris en compte. Là, aussi, le Maroc peut se targuer du lancement de plusieurs stratégies sectorielles qui, fort opportunément, figurent au rang des créneaux les plus prisés par les investisseurs internationaux. Il s'agit notamment du secteur des énergies renouvelables, de l'agriculture et de l'agroalimentaire et des services financiers, entre autres. Ce sont là des relais de développement sur des marchés en expansion, dont la rentabilité ne fait aucun doute chez les investisseurs internationaux et qui constituent autant d'opportunités à saisir pour les autorités et les partenaires locaux. Le profil du commanditaire de l'étude, constitue un indicateur de taille sur l'horizon à regarder et à surveiller de très près... Mode d'emploi Les auteurs de l'étude se sont basés sur une enquête-sondage portant sur un échantillon de 158 investisseurs institutionnels opérant dans le monde entier. Ces derniers ont été interrogés sur la période allant d'août à septembre 2011. Il s'agit, en majorité, de gestionnaire de fonds, de banques, de responsables d'établissements bancaires, de gestionnaires de fonds, de hedge funds et de fonds d'investissement. Plus de 60% des sondés ont ainsi nommé, parmi deux zones à choisir et dans lesquelles ils voient les plus importantes opportunités, les marchés africains. Dans le top 10, le Nigéria et le Kenya sont cités comme les pays offrant les perspectives de rentabilité les plus importantes, devant le Zimbabwe, l'Egypte et le Ghana. La Tunisie et l'Algérie se sont, respectivement, classés à la 16e et 17e place.