Le secteur aquacole est confronté actuellement à deux principaux enjeux. Il s'agit de la formation des ressources humaines qualifiées et l'accès au financement pour l'installation des investisseurs. Planification aquacole, mise en place d'un cadre juridique et fiscal spécifique à cette activité, couverture multirisques et installation en cours des projets aquacoles…Depuis la création en 2011 de l'Agence nationale pour le développement de l'aquaculture (ANDA) en vertu du dahir n° 1-10-201, le secteur aquacole marocain a franchi plusieurs étapes mais avant de cultiver les espaces marins identifiés dans le cadre des 5 plans aquacoles régionaux, ce secteur est confronté actuellement à deux principaux enjeux qui ont été identifiés lors de la première édition du Forum des entreprises aquacoles organisé mercredi dernier par l'ANDA à Dakhla. Il s'agit de la formation des ressources humaines qualifiées et de l'accès au financement pour les 256 projets aquacoles y compris les jeunes entrepreneurs et les coopératives. «L'idée du lancement du volet de la formation a été toujours présente mais quand on a démarré le travail de planification et d'identification des espaces en plus du lancement des appels à manifestation d'intérêt, on n'avait pas réellement une visibilité par rapport au nombre de projets qui seront réalisés dans le cadre de la stratégie aquacole», explique Majida Maâroufi, directrice de l'Agence nationale pour le développement de l'aquaculture (ANDA). Un programme de formation d'ouvrier en aquaculture Ce n'est qu'après le lancement des appels à manifestation que l'ANDA a constaté l'intérêt manifesté par les investisseurs autour de l'aquaculture. «Nous avons donc amorcé avec la Direction de la formation relevant du Département de la pêche le programme de formation en aquaculture. Il s'agit d'une formation d'ouvrier en aquaculture», précise Majida Maâroufi. Actuellement, ce programme de formation en aquaculture a été mis en place au niveau du Centre de qualification professionnel maritime (CQPM) de Dakhla qui est désormais dédié à cette filière. Le centre mettra sur le marché des profils mixtes qui peuvent travailler selon l'ANDA aussi bien dans l'aquaculture que dans la pêche maritime. Dans ce sens, les premières formations théoriques ont déjà commencé. «L'aquaculture a besoin de plus d'ouvriers que de techniciens et d'ingénieurs. Aujourd'hui, c'est ce profil qui n'est pas disponible sur le marché. De plus, il fallait aussi former les formateurs parce qu'il n'y avait pas assez de cadres spécialisés dans ce domaine», note Majida Maâroufi. S'agissant des jeunes entrepreneurs et des coopératives, un programme parallèle a été dispensé à ces deux catégories à travers des formations théoriques et pratiques sachant que cet aspect est un processus continu selon l'ANDA. Pour sa part, l'agence a investi également dans une ferme pédagogique qui a été confiée au CQPM pour les besoins de la formation. Financement, une question épineuse Pour l'accès des projets aquacoles au financement, le Crédit agricole, le seul établissement bancaire présent à cette première édition du Forum des entreprises aquacoles a exprimé sa volonté d'accompagner le développement du secteur. «La première étape du financement de l'aquaculture est de comprendre le potentiel qu'offre ce secteur ainsi que ses enjeux économiques. Une banque classique aura du mal à financer ces projets. Et à l'instar du secteur agricole, le Crédit agricole dispose de l'expérience nécessaire et de la compréhension des spécificités de ce secteur, en particulier des jeunes entrepreneurs et des coopératives», explique Tariq Sijilmassi, président du directoire du Crédit agricole du Maroc. En chiffres, plus de 250 projets ont été retenus dans le cadre des 12 appels à manifestation d'intérêt lancés au niveau des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, de l'Oriental, de Souss Massa, de Guelmim Oued Noun et de Dakhla Oued Eddahab pour un investissement total d'environ 1,6 MMDH. Parmi ces projets sélectionnés, 109 sont portés par 552 jeunes entrepreneurs et 7 projets par des coopératives locales de pêche artisanale intéressées par l'aquaculture. À elle seule, la Région Dakhla Oued Eddahab représente plus de 80% des projets sélectionnés dans le cadre des appels à manifestation d'intérêt lancés au niveau national. Inclusion des jeunes :mobilisation de 57 MDH En effet, sur les 256 projets sélectionnés à la production globale estimée de 156.000 tonnes, 214 ont été retenus dans cette région pour une production cible de 78.000 tonnes mobilisant un investissement de 811 MDH. Parmi ces projets, 100 seront réalisés par 507 jeunes entrepreneurs de Dakhla. À cet égard et pour assurer l'inclusion de ces jeunes entrepreneurs dans le tissu économique de la Région Dakhla Oued Eddahab, un programme visant l'appui financier de ces projets aquacoles a été mis en place. Il porte sur la mobilisation d'une enveloppe de 57 MDH. De même, un investissement de près de 42 MDH sera réalisé pour le renforcement des infrastructures de débarquement des produits de l'aquaculture. Par ailleurs, les entreprises aquacoles marocaines ainsi que les jeunes entrepreneurs bénéficient d'un cadre fiscal favorable. La Loi de finances 2018 a déjà apporté des mesures fiscales dédiées exclusivement au secteur de l'aquaculture. Il s'agit de l'exonération de la TVA sur les principaux intrants aquacoles (alevins, naissains et aliments) et la prorogation de la mesure relative à la baisse des droits de douanes sur l'aliment à 2,5% (contre 25% auparavant) pour une période de 6 ans.