Avec l'appui de l'AFI et du NGFS, le Wali de Bank Al-Maghrib a reçu une quarantaine de ses homologues en provenance de tous les continents pour jeter ensemble les premières bases de l'inclusion dans la finance verte. Récemment, les Nations Unies, le FMI et d'autres institutions internationales ont insisté dans un rapport sur le «Financement du développement durable» sur l'urgence d'aligner les systèmes financiers aux plans national et international sur les enjeux du développement durable sans quoi les engagements pris pour la lutte contre le changement climatique et l'éradication de la pauvreté à l'horizon 2030 ne pourront pas être tenus. C'est donc pour répondre à cette urgence, corsée par les récents résultats inquiétants des études du Groupement intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (GIEC), respectivement, sur les effets du changement climatique et sur les menaces qui pèsent sur les océans que le gouverneur, wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri a décidé de prendre les devants en organisant, hier à Rabat, un séminaire sur l'inclusion financière verte. Un séminaire, organisé avec l'appui de l'Alliance pour l'inclusion financière (AFI) et le réseau des Banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (le NGFS) où il a notamment invité une quarantaine de ses homologues en provenance de tous les continents pour jeter ensemble les premières bases de l'inclusion dans la finance verte. Aligner les systèmes financiers sur les enjeux du développement durable «Notre rencontre d'aujourd'hui s'inscrit dans l'agenda des évènements organisés par Bank Al-Maghrib dans le cadre de la célébration de son soixantième anniversaire et intervient à quelques semaines de la 25e Conférence des parties sur le climat qui se tiendra en décembre prochain à Santiago au Chili. Elle fait la jonction entre deux des préoccupations les plus pressantes auxquelles sont confrontées les pays émergents et en développement, à savoir l'inclusion financière et le changement climatique», a-t-il déclaré dans son allocution d'ouverture du séminaire. Par exemple, le continent africain, qui est le plus exposé aux effets du changement climatique présente aussi les taux d'inclusion financière parmi les plus bas au monde avec une moyenne estimée aux alentours de 40% par le dernier Global Findex. Par ailleurs, «les risques liés au changement climatique, qu'ils soient physiques, générés par les évènements climatiques extrêmes ou de transition induits par la mutation vers des modèles économiques à bas carbone, sont complexes à appréhender et à mesurer», a-t-il ajouté avant d'expliquer que le point de départ de la réflexion menée au cours de ce séminaire devra partir de la bonne compréhension du phénomène du changement climatique dont l'ampleur et les impacts sur le secteur financier restent mal cernés. C'est seulement une fois que cette étape sera dépassée que les risques seront effectivement identifiés, que la distinction entre les actifs verts et bruns sera clairement établie, que l'élaboration d'outils d'évaluation pertinente de ces risques sera possible et qu'il sera enfin possible d'user d'un langage et d'une taxonomie commune. Concilier inclusion financière et changement climatique Bref, «appréhender la problématique du changement climatique, de l'angle des Banques centrales et des superviseurs que nous sommes, implique de comprendre les changements structurels qui vont devoir affecter le système financier et plus largement l'économie et qui vont nous interpeller au niveau de la conduite de nos missions fondamentales, tant en matière de stabilité des prix, de stabilité financière que d'inclusion financière», a insisté le gouverneur, wali de Bank Al-Maghrib. Cela passe par le renforcement des capacités des Banques centrales en la matière, la coopération et le partage de connaissances à l'échelle nationale, régionale et internationale. Une démarche aujourd'hui facilitée par l'adhésion croissante au NGFS. En effet, ce réseau des Banques centrales et superviseurs pour le verdissement du système financier créé en décembre 2017 par huit banques centrales à l'occasion du «One Planet Summit» tenu à Paris connaît une forte dynamique d'adhésion qui traduit une prise de conscience grandissante par les autorités financières de l'urgence de leur action. Le NGFS compte aujourd'hui 46 membres engagés volontairement à appuyer et accompagner la finance verte. Ce mouvement a également suscité l'intérêt des organismes normalisateurs internationaux, en particulier le Comité de Bâle qui l'a récemment rejoint et d'autres qui ont fait part de leur volonté de lui emboîter le pas. Bank Al-Maghrib a donc saisi cette opportunité pour impulser le dialogue avec les pouvoirs publics marocains et les autres régulateurs au niveau national et avec ses homologues à l'échelle africaine à l'effet de construire, ensemble, les contours d'une coopération active sur le sujet de la finance verte et de la résilience climatique...