Les autorités marocaines ont toujours mis en avant "l'indépendance de la justice", affirmant qu'il n'était pas jugé pour ses écrits. Le patron de presse marocain Taoufik Bouachrine, condamné à 12 ans de prison ferme pour des violences sexuelles qu'il a toujours niées, a déclaré espérer une sentence "juste", clamant son innocence vendredi, au terme de son procès en appel. Toutes ses demandes de remise en liberté ont été rejetées jusqu'à présent. Taoufik Bouachrine risque de voir sa peine alourdie à vingt ans de prison si les juges de la cour d'appel de Casablanca, qui se sont retirés pour délibérer, suivent les réquisitions du parquet. Le jugement est attendu d'ici la fin de journée vendredi. En première instance, l'homme de presse avait été reconnu coupable de tous les chefs d'accusation dont il était accusé --"traite d'êtres humains", "abus de pouvoir à des fins sexuelles", "viol et tentative de viol"-- envers huit plaignantes. De son côté, il a toujours nié toute relation non consentie, dénonçant un "procès politique". "Je mentirais si je vous disais que je n'ai pas peur de la prison, mais j'ai encore plus peur pour l'avenir de la liberté de la presse et de la liberté d'expression", a dit le patron du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum. Vendredi, il a espéré que les femmes qui l'ont accusé "puissent un jour dire la vérité", tout en soulignant qu'elles avaient été "prises dans une guerre qui ne les concerne pas". Taoufik Bouachrine avait refusé de comparaitre aux dernières audiences de son procès, selon lui pour protester contre les méthodes de l'accusation qui ne lui ont pas permis de démontrer son innocence. Dans un avis rendu en début d'année, un groupe d'experts du Conseil des droits humains des Nations unies avait appelé à sa libération immédiate, stigmatisant une détention "arbitraire" et un "harcèlement judiciaire", sous-tendu par une insuffisance de preuves et de témoignages à charge.