Alors que le ministère de l'Intérieur a repris les choses en main après le chaos constaté en la matière, les sociétés d'affichages publicitaires réagissent. Créée le 9 octobre dernier, l'Association marocaine des sociétés d'affichage n'a pas tardé à dégainer sa première communication. Ainsi, en réaction aux nombreux articles de presse parus récemment, et considérant «qu'il y a lieu d'éclairer le grand public quant à cette supposée anarchie dont sont taxés les sociétés d'affichage publicitaire», l'association souhaite autant «remettre les pendules à l'heure» qu'exprimer «son profond regret quant aux confusions et amalgames qui ont largement caractérisé les articles parus». Cette réaction intervient suite à la diffusion de l'information relative à la décision du ministre de l'Intérieur. Ce dernier a en effet ordonné le retrait de tous les panneaux publicitaires ne respectant pas la réglementation en vigueur. Cette décision du ministre fait suite à la colère du roi Mohammed VI contre les autorités de la ville de Casablanca, accusées d'avoir cautionné la pollution visuelle que provoque la prolifération anarchique des affichages publicitaires. Pouvant également représenter un danger pour les automobilistes, ces affiches ont été retirées par centaines, les panneaux ont été transférés dans des entrepôts municipaux et des procès-verbaux (PV) ont été rédigés contre les contrevenants. Pour tenter de mettre fin à cette anarchie, des commissions spéciales ont déjà entamé, dans plusieurs villes, des campagnes de lutte contre l'exploitation sauvage de l'espace public. Leur mission: veiller à ce que les panneaux publicitaires en infraction avec la loi ou entravant la circulation sur la voie publique soient enlevés. De même, les promoteurs qui ne s'acquittent pas des taxes et des impôts se verront verbalisés. Ainsi, l'association rappelle que l'affichage publicitaire est régi au Maroc par des lois claires, applicables à tous. «Depuis près de 20 ans, le ministère de l'Intérieur est intervenu pour organiser la profession en établissant un cahier des charges des plus stricts, et en attribuant aux communes de toutes les villes du royaume le pouvoir de délivrer les autorisations pour l'installation de panneaux publicitaires, ce lors d'une commission composée de plusieurs membres relevant de différentes autorités de la ville, seule habilitée à accorder ou refuser la demande introduite par un opérateur. Le groupement professionnel indique également que les déplacements de panneaux semblent être interprétés comme de «nouvelles installations». Il s'agit de simples «déplacements imposés par des travaux de voirie, d'aménagement et/ou réaménagement de zones urbaines, déplacements de panneaux qui ne sont pas effectués au bon gré des afficheurs, mais soumis aux mêmes procédures régissant toute nouvelle installation, à savoir obtenir l'accord de l'autorité désignée». Concernant les paiements, et alors que des accusations de «non-paiement» planent sur les afficheurs, ces derniers se revendiquent comme les «plus gros contributeurs aux recettes de la ville». «Le montant des redevances, annuellement versées pour exemple à la ville de Casablanca, ville où ces redevances sont les plus élevées dans le royaume, représentent plus de 200 MDH par un an, tous opérateurs confondus». Ainsi, pour les panneaux 4x3 fixes, «la redevance est de 60.000 à 72.000 DH par an; pour les déroulants, le prix varie entre 75.000 et 90.000 DH. Pour le panneau unipôle, les afficheurs paient entre 100.000 à 120.000 DH, 100.000 à 300.000 pour les façades murales et 100.000 et 200.000 pour une toiture d'immeuble. Ils se plaignent également du coût de l'énergie. «Pour la ville de Casablanca, la facture LYDEC n'est pas des plus légères. Ainsi, un opérateur débourse pour un panneau 4x3 fixe 726 DH/HT par mois, 1.462 DH par mois pour le déroulant et 3.146 DH/mois pour un unipôle». En guise de conclusion, l'AMAP «attire l'attention quant à des chiffres communiqués ici et là, relatifs à l'évolution des recettes publicitaires de ce média, à travers projection et extrapolations dénuées de tout fondement, en rappelant que les recettes subissent une érosion constante depuis près de 5 ans, avec l'avènement du digital, avec la constance augmentation des charges inhérentes à la hausse des redevances communales, des coûts de l'électricité, mais aussi des charges diverses liées au personnel employé, aux moyens logistiques, à la maintenances du parc, une maintenance figurant parmi les exigences de poids dans le cahier des charges, aux multiples assurances». Néanmoins, selon le Conseil de la ville, le montant des recettes prévisionnelles des redevances à recouvrer auprès des exploitants s'élève à plus de 144 MDH. Des recettes qui devraient augmenter au fil des ans, selon les différentes hypothèses retenues dans le schéma directeur de l'affichage urbain. Selon les analystes ayant accompagné la ville, la solution consisterait en une augmentation exponentielle des redevances à partir de l'année prochaine, tout en limitant le parc existant.