Le ton monte entre le CNDH et la branche féminine du PJD. Les femmes du principal parti au sein de l'actuelle majorité sont montées au créneau pour dénoncer leur marginalisation lors de l'installation des commissions régionales du CNDH, dont celle de Casablanca-Settat en fin janvier, qui aura été la goutte qui a fait déborder le vase. La mise en place de ces commissions «s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de proximité visant à garantir l'accès aux droits de l'homme au niveau des connaissances des droits et des procédures et à faciliter le droit de recours pour les victimes présumées de violation des droits de l'homme», insiste-t-on auprès du Conseil présidé par Driss Yazami, qui se trouve actuellement au Caire et qui n'a pas encore réagi, même si l'on affirme au sein du CNDH que la mise en place a été effectuée selon les priorités et les règles de l'équité et de la transaprence. Cet avis n'est pas totalement partagé par les femmes du PJD, dont la présidente n'est autre que Bassima Hakkaoui, ministre de la Famille, de la solidarité et du développement social. Pour éviter tout amalgame, l'organisation a préféré adresser une lettre ouverte au président du CNDH, pour «dénoncer l'écartement d'un courant national régulateur de l'équation démocratique», notent les femmes du parti de la lampe dans la plainte signée par toutes les parlementaires élues dans le cadre de la liste nationale. «Nous ne voulons pas juste un droit à siéger au sein des structures centrales et régionales du Conseil, mais nous demandons au Conseil de respecter les orientations constitutionnelles en ce qui concerne les sujets de la femme, de la famille et de l'enfance», insiste la lettre de protestation. Le bras de fer initié entre les deux parties risque de se prolonger durant les prochains mois, où le Conseil attendra l'adoption de sa loi organique. L'allusion de l'aile féminine à la loi qui cadrera l'action du Conseil n'est pas du tout fortuit. La majorité parlementaire formée autour du parti de Benkirane aura certainement un droit de regard sur les attributions et la composition des commissions régionales qui ont été mises en place. Cette question n'est pas d'ailleurs la seule à devoir être résolue durant la prochaine étape. Le Plan d'action national en matière de démocratie et droits de l'homme (PANDDH), qui couvre la période 2011-2016, sera aussi scruté à la loupe. C'est le volet relatif à la gouvernance et à la démocratie qui se croise avec les plans d'action de plusieurs départements ministériels sous la responsabilité directe des ministres du PJD, comme la Justice, la Famille, les Affaires générales et la gouvernance. La grogne des femmes du parti reflète quelque part l'absence de vision du parti au sein de structures cruciales comme le CNDH, pour la coordination des actions et la partage des tâches et des responsabilités. Le PANDDH entamera au cours de cette année 2012 la concrétisation d'autres recommandations formulées en 2011 en matière de la promotion des composantes linguistiques nationales, qui est un autre chantier prioritaire pour le gouvernement durant cette année 2012.