«Comment l'Afrique Tweete ?». Voilà un titre qui a le mérite d'attirer l'attention. C'est ainsi que le cabinet spécialisé dans la communication stratégique en Afrique, Portland, a baptisé sa dernière étude portant sur l'utilisation de Twitters en Afrique, la première du genre depuis le lancement du site de micro-blogging sur la Toile. Observant, pendant trois mois, le comportement de 500 tweeters africains (ils ont également été interrogés) et analysant le contenu de 11,5 millions de tweets, cette étude dresse un portrait-robot des utilisateurs de Twitter sur le continent noir. Premier constat, avec plus de 5 millions de tweets (enregistrés au cours du quatrième trimestre de l'année 2011), l'Afrique du sud bat tous les records d'utilisation du réseau social. Ce chiffre représente près du double de ce qu'ont tweetés les utilisateurs Kenyans au cours de la même période (plus de 2,4 millions de tweets). À noter que le Kenya arrive, quant à lui, en deuxième position du top 20 de Portland sur le continent. Le Maroc, avec pas moins de 745.620 tweets, se place cinquième au niveau de l'Afrique et arrive en deuxième position dans la région du Maghreb, derrière l'Egypte (plus de 1,2 millions de tweets). Le continent noir s'éveille À en juger aux constats de Portland, le top 20 des pays les plus actifs sur Twitter ne représente pas moins de 70% de la population globale du continent, 85% du PIB africain et «à peine» 88% des utilisateurs d'Internet en Afrique. C'est dire la dimension qu'occupe actuellement le portail américain sur le continent africain. Pour peu que Twitter finisse, enfin, par trouver la solution au fameux casse-tête de la rentabilité, le marché africain se pose en véritable opportunité à développer. D'autant que 60% de la population virtuelle africaine sur Twitter est âgée de 21 à 29 ans, soit 10 ans de moins que l'âge moyen des utilisateurs mondiaux. Autrement dit, les Tweeters africains sont les plus jeunes au monde. Et si 81% de ces «followers» utilisent les 140 caractères dont ils disposent pour converser avec leurs amis, Twitter s'avère tout de même être une véritable source d'informations pour 68% des abonnés au réseau. Sur les 500 Tweeters interrogés, 76% affirment utiliser Twitter comme «une source d'informations clé» pour l'actualité internationale, 68% pour l'information nationale et 69% y font appel pour les «potins» et les informations culturelles. Dans le panel, seulement 55% des utilisateurs affirment se connecter au réseau pour s'informer sur les sujets politiques. Un constat qui s'explique entre autres choses par l'absence de personnalités publiques (africaines) sur la Twittosphère. Ce que confirme d'ailleurs Mark Flanagan, partenaire de Portland pour les communications numériques : «hormis quelques exceptions notables, nous avons constaté que les chefs d'entreprises et les personnalités politiques ont été largement absentes des débats qui se jouaient sur Twitter à travers le continent». Une situation qui, si l'on en croit l'analyste ne peut durer : «Comme Twitter décolle en Afrique, gouvernements, entreprises et agences de développement ne peuvent vraiment plus se permettre de rester en dehors de ce nouvel espace de dialogue». Si les internautes africains sont donc prêts à se fier au réseau, il est évident que les décideurs, aussi bien politiques qu'économiques, de la région ont tout intérêt à se mettre à leurs claviers. Au Maroc, l'exemple du PJD l'illustre bien puisqu'une grande partie de sa campagne «de proximité» s'est menée dans les coulisses de la Toile. Aujourd'hui encore, le parti au pouvoir assure une présence virtuelle qui conforte sa position de parti «proche du peuple».