L'affaire qui devait faire les choux gras de la presse est tombée à l'eau. Un démenti du Conseil de la concurrence soumis directement à l'agence MAP a mis fin aux supputations. Très succincte, l'information explique que le Conseil se dégage de toute responsabilité concernant les informations relatées par certaines sources de presse concernant l'existence d'une entente entre les sociétés pétrolières sur le marché national des hydrocarbures. Et le Conseil de rappeler que l'existence ou non d'entente fait l'objet d'une saisine contentieuse. L'institution de Driss Guerraoui fait ainsi valoir le nécessaire respect de la procédure, surtout qu'il s'agit d'un dossier à plusieurs ramifications économiques, mais aussi politiques. Rappelons que c'est le premier gros dossier que le gouvernement avait soumis à Guerraoui, alors fraîchement installé à la tête du Conseil. Pourtant, les informations relayées par la presse semblent être assez bien documentées avec des termes appropriés. En effet, l'information en question affirme que trois pétroliers, à savoir Afriquia, Vivo Energy (Shell) et Total, seraient «passés aux aveux», reconnaissant l'existence d'une entente sur les prix. Ils auraient ainsi, selon la même source, opté pour la procédure de non-contestation qui ouvre la voie à des négociations pouvant aboutir à une sanction atténuée de moitié. Plus explicitement, si le verdict du Conseil conforte l'existence d'entente, l'amende maximum de 10% du chiffre d'affaires sera réduite à 5%. Mais en sommes-nous arrivés à ce stade de l'examen du dossier pour évoquer une telle hypothèse? Selon le communiqué du Conseil, la Direction des instructions est encore dans la phase d'examen des réponses des sociétés pétrolières aux griefs qui leur ont été notifiés, conformément aux dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. La deuxième étape consiste, toujours selon le communiqué, en la réunion des membres du conseil en assemblée plénière pour émettre la décision prise concernant la saisine. En février dernier, cette histoire d'entente sur les prix du carburant battait son plein avec des soupçons exprimés par les usagers sur les réseaux sociaux, mais aussi par certains responsables politiques. Toutefois, le Groupement des pétroliers du Maroc avait riposté qu'il ne pourrait y avoir d'entente dans un secteur qui compte une vingtaine d'entreprises. Et d'ajouter que le carburant au Maroc est le moins cher comparé à 28 pays du pourtour méditerranéen. À cette période, le Conseil de la concurrence avait débouté Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la gouvernance, sur l'histoire de plafonnement des marges bénéficiaires des pétroliers, qualifié de contraire aux règles de la concurrence. Selon l'argumentaire du Conseil, la libéralisation du marché des hydrocarbures en décembre 2015 a été mal réalisée. Le gouvernement aurait à l'époque mis la charrue avant les boeufs en appliquant une libéralisation sans accompagnement pour protéger le pouvoir d'achat et les marges des transporteurs.