Alors que le Royaume Uni fait face à l'une de ses plus graves crises politiques, il est encore difficile de prédire son avenir économique. Toutefois, cette crise pourrait déboucher après le Brexit sur de nouvelles formes d'alliances économiques avec des partenaires hors UE, comme le Maroc, affirme l'anglo-marocaine Najat Benchiba-Savenius, une femme d'affaires à la tête de "Gazelle Advisory Group", une plateforme interactive d'échanges entre les entreprises et les investisseurs, basée à Londres. Dans le contexte de la crise politique qui sévit depuis plus de trois ans en Grande Bretagne et qui se complique davantage, notamment après l'approbation, lundi, par la Reine Elisabeth II d'une loi demandant le report du Brexit, Benchiba estime qu'il est difficile de prédire l'avenir économique du Royaume Uni d'ici le 31 octobre (date butoir de sortie de l'UE), notant toutefois que cette étape pourrait offrir de nouvelles opportunités économiques pour le pays en nouant de nouvelles relations commerciales avec d'autres partenaires. Si le sujet du Brexit a été très peu abordé par les politiques et les médias au Maroc, il aura en toute vraisemblance des conséquences sur l'économie marocaine liée en grande partie à l'Union européenne. Quel effet aura donc le Brexit sur le Maroc pour qui le marché britannique a pris de l'importance ces dernières années, sachant que les statistiques du commerce extérieur en font le 7ème client et le 15ème fournisseur ? Pour cette femme d'affaires maroco-britannique, certains pays sont impatients de tirer profit des premiers accords de libre-échange avec la Grande-Bretagne afin de garantir des accords préférentiels après le Brexit. Par ailleurs, vu que la Grande-Bretagne ne peut pas commencer à signer des accords commerciaux en tant que membre actuel de l'Union européenne, le gouvernement britannique dirigé par le Premier ministre Boris Johnson a émis sa volonté d'accorder une priorité au traitement des accords commerciaux avec les pays hors UE. Parmi les pays "qui pourraient négocier de nouveaux accords commerciaux avec le Royaume Uni, figure le Maroc, a-t-elle estimé, rappelant que le Royaume dispose actuellement d'accords commerciaux avec la Grande Bretagne, "qui fonctionnent très bien". Pour Benchiba Savenius, il serait donc important de saisir cette opportunité pour lancer de nouvelles relations d'affaires avec le Royaume Uni. Le Maroc et le Royaume Uni avaient lancé la première série de dialogue stratégique en juillet 2018 à Londres, par la signature d'un accord sous forme d'échange de lettres portant institution de ce dialogue, par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, et l'actuel premier ministre Boris, alors ministre des affaires étrangères et du Commonwealth. Ce dialogue stratégique a un caractère global visant à garder l'harmonie en se penchant sur quatre thématiques principales à savoir : "la Politique", "la Sécurité", «l'Economie et le commerce» et «la Culture, l'éducation et la jeunesse». Il portera également sur des questions stratégiques d'intérêt mutuel, et sera fondé sur le respect mutuel dans l'esprit d'amitié et de coopération étroite qui caractérise les relations entre les deux Royaumes. Le potentiel que recèle le Maroc pour le développement de relations commerciales plus importantes avec le Royaume Uni a été a maintes fois mis en exergue par des responsables britanniques. Dans une déclaration à la MAP en marge de la 4ème édition du Morocco capital market days organisé en avril dernier à la bourse de Londres, l'ambassadeur du Royaume Uni au Maroc, Thomas Reilly avait souligné que "si le Brexit devrait aboutir, les entreprises britanniques devraient absolument être plus confiantes et aller saisir les opportunités présentes dans les marchés où elles n'ont pas encore suffisamment investi, le Maroc inclus". Reilly avait estimé que le "Maroc représente une grande opportunité pour le marché britannique, ce qui n'a pas encore été vraiment saisi par nos entreprises". Séisme économique pour les uns, opportunité à saisir pour les autres, le Brexit ouvrira certes une nouvelle page dans les relations internationales de la Grande Bretagne qui commence déjà à examiner avec des partenaires potentiels les moyens d'asseoir une présence commerciale plus forte pour compenser le manque à gagner engendré par la séparation de l'UE.