Les textiliens viennent de reconduire Mustapha Sajid à la tête de leur association. À l'unanimité (187 voix, une seule voix nulle), vu qu'il n'y avait pas de candidats au poste de présidence de l'Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement (AMITH). Mustapha Sajid et son colistier, Karim Tazi, vont ainsi rempiler aux postes de Président et vice-président de l'AMITH pour la période 2010-2012, suite à la tenue de l'assemblée générale ordinaire élective (AGOE), tenue jeudi dernier. Une assemblée marquée par une forte présence, exceptionnelle, des fournisseurs du marché local, membres de l'association. Ces fournisseurs, contrairement aux exportateurs, ont longtemps boudé les rencontres de l'AMITH. D'ailleurs, lors de son discours sur son programme 2010-2012, Mustapha Sajid n'a pas manqué d'interpeller ses confrères par rapport à ce qu'il appelle le «corporatisme». «Il faut bannir le corporatisme dans les relations avec le public», a-t-il dit. Pour lui, il faudra aussi reconstruire les fondamentaux de la filière sous le modèle d'«économie de mode» : positionnement à l'international et un ancrage efficace sur le marché local. «Il faut que les fournisseurs du marché local exportent et que les exportateurs se tournent vers le marché local», lance Sajid. Ce dernier fait allusion à quatre chantiers pour les trois ans à venir, que le bureau actuel devra gérer. En premier lieu, l'intégration du secteur aux plans sectoriels (Emergence, Maroc export plus). Sajid évoque aussi la valorisation de l'image de marque du secteur et de la mise à niveau des entreprises du secteur du textile habillement. Des signes de reprise ? Le secteur reste toujours sous perfusion, à en croire plusieurs membres de l'Amith. «On n'est pas encore sorti de la crise», souligne le président des textiliens. Mis à part, selon les données de l'AMITH, les incertitudes à l'international par rapport aux risques de «contamination» en Europe de la crise grecque et de l'impact des politiques budgétaires d'austérité, l'approvisionnement à partir des pays de proximité devrait, en principe, être avantagé. On parle aussi d'un «probable ré‐arbitrage» en faveur des pays euromed des stratégies d'approvisionnement des donneurs d'ordre et de leurs intérêts pour le Maroc. «Nous avons remarqué un début d'inflexion positive depuis mi‐avril de l'activité chez bon nombre d'entreprises marocaines», explique le président de l'Association. Malgré ce «semblant de reprise», pour reprendre les termes d'un exportateur, des difficultés persistent toujours. Elles sont ressenties principalement au niveau des trésoreries, asséchées par la non prise d'effet de la reconduction des mesures du plan de soutien. En cause, les «retards administratifs». Il s'agit aussi de «problèmes de capacité». Les professionnels pensent que c'est la conséquence directe de l'arrêt d'activités d'un nombre important de sous‐traitants de 1er rang et d'exportateurs précaires. Sans parler de la pénurie de la main d'œuvre spécialisée et des difficultés d'approvisionnement suite aux hausses des cours des matières et du dollar. Sur le marché intérieur, le ton est plutôt tourné à l'optimisme, grâce aux actions de lutte contre la sous-facturation à l'import. «Une dynamique nouvelle est enclenchée, celle de l'investissement à condition de pérenniser ces actions», explique Sajid. Nouvelles propositions au CVS Lors de la dernière réunion du Comité de veille stratégique (CVS), les mesures de soutien ont été reconduites aux entreprises du secteur du textile habillement. Selon Mustapha Sajid, l'AMITH a proposé une série de nouvelles propositions aux membres du CVS. Grosso modo, ces propositions tournent autour du blocage que connaissent l'ensemble des volets du plan de soutien pour le secteur et le remboursement des créances de l'Etat (crédits TVA, trop perçu de la taxe professionnelle, drawback sur l'énergie,CSF...). Les textiliens ont aussi appelé à mettre en place, dans un cadre contractuel, un «fonds de promotion spécial». «Ce fonds devra être domicilié au sein de l'AMITH, lui permettant d'engager les opérations marketing au sein de nouveaux marchés peu ou non approchés», indique Sajid. Ce dernier parle de l'Italie, de l'Allemagne, des pays scandinaves, des USA et de l'Afrique. L'AMITH a aussi proposé d'encourager les acteurs qui développent, de façon conséquente, leurs exportations et le rapatriement des devises. Les textiliens parlent d'une incitation financière directe de ces opérateurs, à l'instar de ce qui existe déjà en Egypte, en Inde, Turquie, Chine...