Pour son premier déplacement en Afrique, le nouveau patron de Suez a choisi le Maroc. Un choix qui n'est pas anodin. Suez, qui planche sur un nouveau projet d'entreprise, «Suez 2030», mise gros sur le royaume pour la conquête de nouvelles opportunités de croissance sur le continent. À quelques semaines de l'annonce de la short liste des candidats retenus pour la gestion de la décharge de Médiouna, le nouveau DG du groupe Suez, Bertrand Camus, était à Casablanca la semaine dernière. Une rencontre avec la presse marocaine a été d'ailleurs programmée le vendredi 14 juin, soit un mois après sa nomination à la tête du groupe. Pour son premier déplacement en Afrique, le nouveau patron de Suez a choisi ainsi le Maroc. Un choix qui n'est pas anodin. Suez, qui planche sur un nouveau projet d'entreprise, «Suez 2030», mise énormément sur le royaume pour la conquête de nouvelles opportunités de croissance sur le continent. «L'Afrique fait partie des zones où nous voulons accélérer notre développement à partir de nos bases et le Maroc est une base importante pour l'extension de nos activités», lance Bertrand Camus qui a exprimé, à cette occasion, son attachement personnel au Maroc, tout en rappelant qu'il avait participé aux négociations du contrat Lydec signé en 1997. Lydec fait la fierté de Suez 22 ans après, cette filiale, qui affiche des réalisations satisfaisantes, fait aujourd'hui la fierté du groupe. «Lydec est un fleuron de Suez», se félicite Betrand Camus. Seulement, si pour ce contrat portant sur la distribution de l'eau potable et de l'électricité ainsi que l'assainissement liquide et l'éclairage public, de gros efforts ont été déployés pour s'adapter aux évolutions du contexte, pour le contrat de collecte des déchets ménagers et de propreté urbaine de la ville de Casablanca signé avec Sita Blanca, les choses ont évolué autrement. Ce contrat de gestion déléguée, qui courrait jusqu'en 2021, a été résilié en 2017 sans que les conditions d'exécution des services dans leurs dimensions techniques et économiques ne soient adaptées. S'agit-il d'un point noir dans le tableau du groupe français qui affiche de grandes ambitions pour le Maroc ? En tout cas, Suez semble confiant. Jean-Pascal Darriet, directeur général de Lydec, qui a pris part à cette rencontre média, a même déclaré que le groupe ne «s'interdit pas de revenir à la collecte des déchets à Casablanca», tout en indiquant que «le protocole signé en octobre 2017 n'a pas acté une rupture mais plutôt les conditions d'une transition douce. Le deal qui a été retenu était de faire en sorte que cette décision conjointe n'impacte pas chacun des acteurs, ni Suez, ni la collectivité, ni le citoyen». En somme, il semble que Suez a bien retenu la leçon. Le contrat de collecte des déchets signé en 2014 ne prenait pas en compte les bonnes conditions économiques nécessitant un travail de qualité correspondant à des standards internationaux, a tenu à expliquer le directeur général de Suez. Selon lui, de multiples interférences externes ont empêché le respect des engagements contractuels. Il a cité à ce titre les besoins grandissants de la ville et les pratiques d'une partie des habitants qui ont rendu difficile la réalisation des objectifs attendus et de poursuivre : «la rupture du contrat liant Sita Blanca à la ville de Casablanca ne va pas impacter nos relations futures». Concurrence rude À ce niveau, force est de préciser que le groupe Suez suit avec beaucoup d'intérêt le dossier de la décharge de Médiouna. Il est d'ailleurs en lice dans l'appel d'offres lancé par la Commune urbaine de Casablanca pour la gestion de cette décharge qui a fait couler beaucoup d'encre. La concurrence est rude sachant qu'une centaine d'entreprises ont retiré le dossier de candidature. «Pour ce dossier, nous allons apporter les meilleures offres possibles», assure Bertrand Camus. Il faut dire que le groupe se targue d'avoir plusieurs cordes à son arc. «La situation de la décharge de Médiouna, c'est du déjà vu pour nous...Nous avons la capacité d'intervenir et d'investir pour accompagner le Maroc dans ce projet», souligne le DG de Suez qui a rappelé la montagne de déchets de 58 m de la ville libanaise Saida dont l'éradication a nécessité 30 mois de travail et ceci dans le cadre d'un partenariat public- privé. Les autorités libanaises ont fait appel à l'époque (2013) à une entreprise locale de BTP et au groupe Suez pour mettre en place un modèle performant de valorisation et de traitement des déchets. La réhabilitation de cette décharge prévoyait un site de stockage, de valorisation des déchets ainsi qu'une usine assurant le tri des déchets excavés en fonction de leurs caractéristiques (poids, taille, etc). Pour le site de Médiouna, les cahiers des charges relatifs au modèle de réhabilitation sont toujours en préparation. «L'enjeu pour ce site est environnemental car la ville ne cesse de grandir, il est aussi économique parce que la mise à niveau nécessite la mobilisation de budgets conséquents, des capacités d'investissement et de nouvelles façons d'exploiter», indique Bertrand Camus qui a pour mission d'accélérer la mise en oeuvre de la stratégie ambitieuse de Suez et de conduire la transformation du groupe en renforçant ses positions sur les marchés du futur.