Hommage aux femmes, aux 7 couleurs et à la culture tagnaouite, mercredi 12 juin à Dar Moulay Ali de Marrakech. «Femmes aux sept couleurs, voyage vers la liberté» est un travail réalisé par la plasticienne algérienne Linda Bougherara. Découverte. Installation d'oeuvres en papier végétal et papier d'algues, de sculptures de plantes aériennes et aquatiques qui proposent une esthétique faite de formes délicates et fragiles, le tout inspiré du patrimoine culturel gnaoua, africain et universel. C'est ce que propose l'artiste plasticienne Linda Bougherara. «Ces sculptures s'apparentent à la terre à l'eau, l'océan et au ciel d'où naissent toutes les vies. Dans l'histoire des Gnaouas la couleur a une grande importance tout au long des cérémonies, ce sont les 7 couleurs de l'univers», confie la plasticienne algérienne. En effet, les sept femmes sont des saints féminins qu'on invoque lors des cérémonies, Lala Aicha (noir), Lala Fatima Zohra (blanc), Lala Mimouna (vert), Lala Rquia (rouge), Lala Meriem (bleu), Lala Malika (violet), Lala Mira (jaune). «Cette oeuvre veut se fondre et se confondre avec la matière. Elle aspire également à être un lieu de rencontre des hommes et des femmes avec leurs âmes. Un lieu où la vie ne se basera plus sur des choses matérielles mais plutôt sur le combat des illusions qui viennent hanter notre sommeil profond», continue l'artiste qui propose ses oeuvres dans le cadre de la saison culturelle de l'Institut français. Un long voyage… Dédié depuis deux ans à la promotion de la création contemporaine maghrébine, l'espace culturel Dar Moulay Ali dévoile une nouvelle exposition de l'artiste franco-algérienne Linda Bougherara. À partir de végétaux collectés durant ses voyages depuis plus de dix ans, Linda Bougherara confère à ses créations le souffle musical et spirituel d'une «Lila» gnawa. Née à Alger en 1966, Linda Bougherara est une artiste plasticienne qui vit entre Paris et Essaouira. Après une formation aux Beaux-Arts d'Alger, ses oeuvres font l'objet de nombreuses expositions dans le monde : Basel, Paris, Londres, Venise, Miami, Alger, Casablanca et Rabat. Depuis 2014, elle participe à plusieurs résidences d'artistes, notamment au Maroc, à Essaouira, Casablanca et Marrakech où elle développe un travail personnel et charnel autour de la mémoire et de la liberté, inspiré par la place des femmes dans la spiritualité gnaoua. Elle figure parmi les artistes sélectionnés pour présenter son installation «Entre terre et mer» en papier végétal et papier d'algues à la COP 22 de Marrakech en 2016. Ode à la féminité et à la liberté, l'exposition «Femmes aux sept couleurs, voyage vers la liberté» invite le visiteur à plonger dans un monde onirique, dans la mémoire des matières, des couleurs et des sens. Une sélection d'aquarelles et de compositions en papier d'algue et de palmes célèbrent la Méditerranée matricielle et l'Atlantique dont l'artiste s'est approprié les éléments végétaux et les pigments. Ses sept femmes de couleur sculptées en papier végétal présentent les saintes invoquées dans les cérémonies spirituelles des confréries de gnaouas où les couleurs revêtent une importance symbolique. «Linda est partie. Elle est allée vers cet océan plein de vent qui est Essaouira et comme une magicienne nomade, elle considère l'art comme un mouvement perpétuel dans la direction de ce qui n'a pas de fi n pour transformer chaque oeuvre en danse cosmique, en instant poétique, en fragment d'éternité», confie Lazhari Labter, poète et écrivain algérien. En écho à ces inspirations, le vernissage de l'exposition en présence de l'artiste, accueillera une performance musicale de la troupe gnawa Bnat Gnaoua, qui perpétue cette tradition musicale centenaire de père en fi lles. Ses oeuvres seront présentées au public jusqu'au 5 octobre au coeur du palais historique de la Résidence consulaire de France à Marrakech.