Avec le boycott à 100% des examens, le bras de fer entre les étudiants en médecine et le gouvernement prend une nouvelle tournure. L'enlisement dans ce dossier est complet. Lundi 10 juin, il est 11h. La rue Tarik Ibn Ziyad de Casablanca a des airs de bunker. Un canon à eau, une vingtaine de véhicules des forces d'intervention rapide de la DGSN et autant des Forces auxiliaires, l'entrée et les alentours de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca quadrillés par les hommes en uniformes... Les étudiants en médecine tiennent tête au gouvernement. «Le boycott des examens a atteint les 100% dans l'ensemble des facultés de médecine du Maroc», nous confi rme un membre de la Commission nationale des étudiants en médecine. Les parents des étudiants ont pour leur part choisi de se déplacer à la faculté pour tenir un sit-in «en soutien et solidarité avec leurs enfants», ainsi qu'annoncé dans le communiqué du 8 juin. Le matraquage médiatique du gouvernement n'a pas dissuadé les grévistes et leurs parents de boycotter les examens. Le mouvement a démarré le 25 mars. Deux points de discorde À l'entrée de la faculté de médecine de Casablanca, quelques étudiants étrangers franchissent les barrières installées devant la porte principale pour accéder à la faculté. Au niveau national, seuls les étudiants étrangers et les étudiants militaires ont passé l'examen ce 10 juin. Sollicitée par les Inspirations ECO, la direction de la faculté de Casablanca n'a pas souhaité commenter la situation de cette journée. Les différents bureaux du Syndicat national des enseignants du supérieur (SNESUP) au sein des facultés de médecine avaient annoncé leur «non-participation à la surveillance des examens». Une décision motivée par «l'absence des conditions idoines» pour passer ces épreuves. Les enseignants en médecine faisaient partie de la Commission nationale de médiation qui avait permis une facilitation du dialogue entre le CNEM et les deux ministères de la Santé et de l'Education nationale. Le dernier round tenu le 3 juin n'avait pas abouti à un accord entre les deux parties. Pour sa part, le gouvernement, à travers les deux départements concernés, a une nouvelle fois relayé sa proposition d'accord le 9 juin dernier. Les deux parties indiquent «s'être engagées à mettre en oeuvre 14 points ayant fait l'objet d'accords avec les représentants des étudiants des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire». Dans un communiqué conjoint, les deux ministères affirment que parmi ces engagements figure l'instauration d'un examen national de qualification, dont l'organisation ne diffère pas des examens cliniques actuels. L'on retrouve aussi l'augmentation graduelle des postes destinés au concours de médecins internes, «sachant qu'ils concernent les étudiants des facultés publiques de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire, suivant le cadre légal en vigueur», fait-on remarquer, d'autant plus qu'«il s'agit également de la suppression de la mention des diplômes de docteur en médecine, en pharmacie et en médecine dentaire». Il s'agit également de l'implication de l'ensemble des intervenants, notamment les représentants des enseignants-chercheurs et des étudiants, dans la mise en place des cahiers des normes pédagogique relatifs au troisième cycle, sachant que le système d'étude actuel demeurera en vigueur jusqu'en 2021-2022. Concernant les étudiants de médecine, les deux ministères se sont engagés à modifier la circulaire n°48 du 12 octobre 2017 relative aux stages des étudiants de médecine chargés des missions de médecin interne (7e année), en impliquant les étudiants et ce, avant septembre prochain. Pour les étudiants, «ce projet d'accord n'apporte pas de réponse aux deux principaux points de discorde», rappellent leurs représentants. Les points qui demeurent en suspens sont le refus de l'ouverture du concours de médecins résidents aux étudiants du privé et la création d'une sixième année de formation en médecine dentaire.