La 25e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde propose du 14 au 22 juin une édition féminine et féministe. La Fondation esprit de Fès a tenu à valoriser plus encore la dimension féminine de la scène spirituelle. Sous le thème «Fès, à la confluence des cultures», la 25e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde accorde une part essentielle de la programmation artistique et intellectuelle à la femme et aux artistes du monde entier. «Ce festival éclectique et riche en valeurs se veut aussi une plateforme de la contribution de la femme dans le domaine de la culture et de la musique sacrée», soulignent les organisateurs de ce rendez-vous artistique. «Le Festival de Fès des musiques sacrées du monde est une occasion de mettre en valeur la dimension créative, professionnelle mais aussi spirituelle des artistes féminins». La femme et la spiritualité Préoccupées et unies par les mêmes valeurs humaines, des dizaines de femmes artistes de différentes cultures et religions se réuniront pendant une dizaine de jours en vue de partager leurs visions du monde et des arts. Le festival rassemblera ainsi des participantes en provenance d'Irlande, du Canada, des Paysbas, d'Arménie, de France, d'Inde, de Serbie, de Cuba, du Sénégal et du Maroc… À travers la rencontre inédite de Svetlana Spajic et Chérifa, deux figures iconiques de la transmission du patrimoine oral, les voix pastorales des montagnes serbes et berbères feront résonner leurs échos le mercredi 19 juin. La formation cubaine Obini Bata interprétera avec agilité et brio un florilège de chants et danses rituels des femmes de la Santeria issues de la religion Yoruba le mardi 18 juin. La formation multigénérationnelle de la Havane comprend Eva Despaigne, la Maestra sexagénaire et le dernier des membres fondateurs et cinq jeunes femmes issues de contextes professionnels et artistiques divers, ce qui explique l'extraordinaire polyvalence de leur performance entre jeu théâtral, chant, musique et danse. L'ensemble Soufides femmes du Sénégal se livrera également à une prestation sensible et émouvante. Venues directement du pays de la Téranga, ces artistes mêleront leurs voix et leur instruments pour honorer la confrérie Tijanniya et rappelleront le public à cette composante profondément africaine de Fès. Enfin, un groupe exclusivement féminin venu d'Inde dédiera son spectacle cette même journée à Meera, reconnue comme une des plus grandes poétesses du 16e siècle et la maîtresse du chemin spirituel Bakhti. Le spectacle chorégraphié et interprété par Chitra Visweswaran, l'icône de Bharata Natyam avec les danseuses de la Chidambaram Dance Company est une véritable célébration de la princesse-poète, de son courage, de sa dévotion et de ses engagements profonds. Au-delà de sa composante musicale, le festival intègre depuis ses origines un volet intellectuel et culturel à travers un large forum inaugural où la parité est également respectée. En effet, le dialogue des cultures débutera dès l'inauguration du festival et ceci à travers l'organisation des Assises du Forum de Fès les 15 et 16 juin 2019. Des tables rondes seront animées par de prestigieux intervenants en présence de plusieurs écrivains, chercheurs, philosophes, penseurs… Les femmes, notamment marocaines, y seront mises à l'honneur à travers la contribution de mesdames Mina Elmghari, Meftaha Ameur, Hinde Ben Abbes Taarji, Halima Hamdane et Faouza Charfi. «Comme à l'accoutumée, la présence appréciée d'un panel d'actrices-clés de la société civile marocaine permettra d'offrir un point de vue distinct et féminin sur les questionnements socio-culturels et les problématiques d'actualité», ont déclaré les organisateurs. «Ce faisant, le Forum promouvra une dimension culturelle alternative qui reflète entre autres les aspirations de la femme marocaine d'ouverture, de progrès et d'égalité». Le Forum, moment fort d'échanges et d'interrogations dans un monde en pleine mutation, consacrera donc l'exception «fassie», celle où connaissance et sacré subliment la spiritualité de la ville. Depuis la fondation de l'Université Al Quaraouiyine, la plus ancienne université du monde encore en activité, par l'illustre Fatima al-Fihriya, la participation accrue des femmes artistes et intellectuelles aujourd'hui démontre que la ville comme le festival ont franchi une étape supplémentaire vers la modernité et l'inclusion. Le festival de Fès des musiques sacrées du monde s'impose ainsi désormais comme une référence incontournable de la scène culturelle marocaine.