La réintégration dans l'Union africaine (UA) serait-elle le tribut à payer pour s'assurer une meilleure intégration économique avec les pays de l'intérieur du continent ? Les supputations gagnent en insistance sur ce sujet dans les coulisses du ministère marocain des Affaires étrangères (AE), et viennent de trouver écho à...Addis-Abeba, en Ethiopie. Une importante délégation marocaine, avec à sa tête Saad-Eddine El Othmani le chef de la diplomatie marocaine, était en effet en mission de travail au Sommet des chefs d'Etat de l'UA, 18e du genre. Une forte participation, qui en a inspiré plus d'un, semblerait-il. «L'absence du Maroc est une anomalie qu'il faudrait corriger». C'est, sans ambages, les propos tenus par le nouveau Président tunisien, Moncef Marzouki, à la tribune de ce 18e Sommet, qui vient de se clore. Cette sortie médiatique remet en tout cas sur la table l'absence du Maroc dans l'organisation panafricaine depuis 1984, après l'admission de la RASD au sein de la défunte Organisation de l'unité africaine (OUA), ancêtre de l'actuelle UA. Même si El Othmani a récemment confirmé que le Maroc ne pourrait siéger au sein d'une organisation qui accueille en son sein les séparatistes, il a déclaré aux Echos quotidien que «le retour du Maroc au sein de l'Union figure sur notre agenda». Ce retour se préparerait donc à travers une approche singulière, qui s'appuie sur la diplomatie et l'intégration économique comme l'a rappelé le ministre délégué aux AE, Youssef Amrani, lors du forum de Rabat, organisé la semaine dernière. Les nécessités de l'intégration économique régionale sont en effet de plus en plus pesantes, et devraient être le parfait tremplin pour surmonter l'obstacle politique qui a poussé le royaume à bouder pendant un peu plus d'un quart de siècle, sa place dans l'organisation africaine. Situation d'exception Par ailleurs, si le retour du Maroc a été plusieurs fois évoqué sans évolution notable, c'est la première fois que le sujet est évoqué publiquement par un chef d'Etat. Donnant suite à la nouvelle vision de la politique africaine du Maroc, Saad-Eddine El Othmani, s'est entretenu avec plusieurs Présidents et responsables politiques d'Afrique, avec lesquels la question du renforcement du partenariat avec le royaume a été évoquée. Ces signaux forts augurent le retour du Maroc au sein de l'organisation, actuellement, en panne de leadership, comme en témoigne la bataille serrée pour la désignation du président de la commission de l'Union.