Salaheddine Mezouar peut pousser un ouf de soulagement. Contrairement à ce qui était annoncé, la réunion du comité central du Parti qui s'est tenu, ce samedi à Skhirat, n'a pas été de la même couleur que celle prévue. Le RNI a, certes, enregistré des défections de taille de la part de certains membres du conseil, qui s'insurgent contre la manière dont est gérée le parti, mais au final, Salaheddine Mezouar est sorti presque indemne de ce conclave qui était destiné à se pencher sur la vie politique du pays et surtout tirer les leçons des dernières élections législatives qui ont renvoyé le parti à l'opposition. La réunion a entériné la décision du bureau politique de rejoindre les rangs de l'opposition après la victoire du PJD, suite aux explications qu'a données le chef du parti. Une décision qui a été à la base du mouvement de contestation mené par des militants du parti, qui ont mis en avant l'absence de toute concertation avec la base. Cependant, pour Mezouar, cette décision est, somme toute naturelle, au regard de la nouvelle configuration politique qu'a connue le pays. «Nous avons fait face à deux choix au sortir du scrutin législatif», a expliqué l'ancien ministre de l'économie et des finances. selon lui, il s'agissait d'«œuvrer à la réussite de ce processus et poursuivre l'édification de notre nouvelle expérience politique ou bien camper sur notre position». Pour Mezouar, la pertinence du choix opéré par sa formation depuis le congrès de Marrakech qui lui a permis de se positionner selon une plate-forme politique claire et partant d'élargir sa base d'électeurs, a légitimé cette option. Les élections générales dans la ligne de mire Pour Salaheddine Mezouar, la situation de crise qui semble prévaloir au sein du Parti ne relève que du passé. Le RNI se prépare, déjà, à affronter ses nouveaux défis, à savoir les prochaines élections locales et régionales et assumer son rôle d'opposition. Surtout que pour le chef du RNI, «les développements intervenus depuis la composition du nouveau gouvernement n'incitent pas à l'optimisme, ajoutant que le Printemps arabe a aidé à l'émergence des forces politiques conservatrices». Le président du parti de la colombe qui semble avoir retrouvé sa dynamique politique de l'avant-veille des élections législatives a insisté sur une préparation efficace du parti, en prélude aux échéances non encore fixé mais qui constitue une «étape décisive dans la prochaine composition institutionnelle». Il faut dire que le bureau politique, principalement le clan des réformateurs du nom du mouvement qui a soutenu Mezoaur lors de son «putsch» contre Moustapha Mansouri, a pris soin de baliser le terrain avant la tenue de la rencontre. Une manière de parer à toute éventualité même si selon un proche du président, il n y avait aucun péril en la demeure puisque les contestataires ne pesaient pas beaucoup dans la l'organisation interne du Parti. Ce que contestent certains membres qui ont fait défection à la veille de la rencontre, à l'image de l'universitaire Jaafar Heikel à cause de «la situation que connait le RNI en terme de gestion, d'absence de démocratie et surtout de non respect des statuts et des militants». Une défection s'ajoute à celle de Najima Ghozali Tay Tay, l'ancienne secrétaire d'Etat chargé de l'Alphabétisme et de l'Education non formelle, en pleine rencontre. Une parfaite illustration de la crise qui continue de secouer le parti. Pas sur, d'ailleurs, que la situation au niveau du partie soit aussi «sereine» que le laisse croire certains membres du Comité central rencontré au sortir de la rencontre. Les pertes subies par le parti après le départ de plusieurs de ses membres qui s'ajoutent au départ d'Aziz Akhannouch, coopté au sein du nouveau gouvernement et Yassir Zenagui appelé au cabinet royal seront des coups durs à surmonter pour un parti qui vise «l'élargissement de sa base électorale» en prélude aux prochains scrutins. Ce qui est sûr, Mezoaur dispose d'un délai qui court jusqu'au prochain congrès du RNI pour resserrer davantage les rangs de son parti qui est l'un des seuls à entamer la nouvelle phase politique dans des conditions assez difficiles.