Pour son premier déplacement à l'étranger, Abdelilah Benkirane a fait son show. À Davos, où il était au centre de l'intérêt des médias internationaux, Benkirane incarnait cet «après-printemps arabe» autour duquel se tenait le forum. Et il faut dire qu'il n'a pas raté sa sortie. Le Chef de gouvernement s'est, encore une fois, illustré par son franc-parler et son message était on ne peut plus clair, c'est l'assouplissement des procédures et la prospérité du climat des affaires contre l'investissement. À côté de Moussa, candidat égyptien à la présidence, et Jabali, Chef de gouvernement tunisien, Benkirane dégageait sa sérénité devant ces «révolutionnaires» nord africains. Il a même fait de «l'évolution», que connait le Maroc, une leçon de stabilité et un gage de continuité de l'Etat, ce qui a déstabilisé ses «voisins» du panel. Un atout majeur pour tout investisseur. Mais l'acte d'investir dans une conjoncture mondiale aussi morose frôle aujourd'hui le militantisme. C'est d'ailleurs pour cela qu'il faut au Cabinet Benkirane, en plus d'un discours crédible, des mesures concrètes étayées par une stratégie clairement définie et totalement intégrée. Car l'acte d'investir, c'est aussi le système fiscal, les rouages administratifs et l'infernal appareil judiciaire ! C'est peut être pour cela que Boulif, le ministre des Affaires générales, filait à son chef des notes sur la bonne gouvernance, histoire de plaire mais surtout de rassurer. En somme, pour une première sortie internationale, Benkirane peut prétendre avoir réussi son test. Mais attention, le monde des affaires, à l'opposé de celui des politiques, ne jure que par les actes et les délais. Et Benkirane gagnerait à savoir qu'imposer son style, c'est aussi tenir ses promesses que le «Capital» n'est pas prêt d'oublier.