Hamza Bennani Smires. Trompettiste, compositeur À mi-chemin entre la musique classique et le jazz, le quartet de Hamza Bennani Smires (HBS) a clôturé la 19e édition du Printemps des Alizés avec un concert habité par la douce folie d'Erik Satie. Rencontre avec un passionné de musique qui fait voyager les notes d'un génie de la musique dans le temps et dans l'espace. Tantôt swing, tantôt latino, tantôt tribal presque, le Quartet de Hamza Bennani Smires a donné un concert plein de belles ondes le 28 avril, dernier jour du festival Printemps des Alizés à Essaouira. Des notes étudiées qui ont su bercer le public, le faire rire, le faire danser, l'émoustiller, le surprendre. En effet, le compositeur et trompettiste s'est proposé de reprendre un répertoire classique, et pas des moindres, à sa sauce. Il s'attaque à l'inclassable Erik Satie, compositeur et pianiste français, qui a été le précurseur de plusieurs mouvements dont le symbolisme, le minimalisme, la musique répétitive et le théâtre de l'absurde. «J'ai découvert Satie quand j'ai commencé le piano. C'est le genre de morceaux avec lesquels on commence une formation parce qu'ils sont faciles à jouer mais pour jouer les morceaux tels qu'ils ont été écrits, il faut aller voir des concertistes. J'ai arrêté le piano à l'adolescence et je le redécouvre 15 ans plus tard en intellectualisant la chose, pendant ma formation Jazz en cours de Harmonies-Solfège», confie Hamza Bennani Smires, qui joue de la musique depuis l'âge de 8 ans. Après des années de piano, il choisit la trompette comme son instrument de prédilection. La pression familiale n'aidant pas, il se voit obliger de poursuivre des études de physique, d'intégrer une école de commerce pour devenir consultant dans une importante multinationale à Paris. «Mes journées étaient interminables, je travaillais et à la fi n de la journée, j'enchaînais avec les cours de musique», explique le musicien qui a intégré l'American School of Modern Music où il a poursuivi une formation en jazz/musiques modernes, composition et arrangement. Du classique au jazz «Le passage de la musique classique au jazz m'intéressait et je me suis toujours dit que ce serait mon premier projet si un jour je devenais professionnel», confie le musicien aussi inspiré par Miles Davis et Billie Holiday que par les musiques indiennes et musiques du monde. À l'âge de 30 ans, il décide de faire de la musique son métier. Entre compositions pour musiques de films, spectacles vivants et prestations jazz, il est en constante recherche de la pureté du son et des mélodies guident sa quête artistique. Fraîchement de retour au Maroc, il a notamment collaboré avec, entre autres, la réalisatrice Zakia Tahiri, la chanteuse de jazz portugaise Maria Joao, le chanteur Jamal Nouman ou encore le styliste Ali Drissi. Toujours fasciné par Satie, il décide de réaliser son projet de quartet avec Xavier Sarazin à la batterie, M'hamed El Menjra à la contrebasse et Guillaume Desbois au piano et arrangements. «Je suis allé voir Guillaume qui a apporté la touche cubaine, qui correspond moins à mon univers à moi. Chaque musicien a apporté sa touche même si j'avais déjà les arrangements. Il y a des choses auxquelles je tiens et des choses qui restent libres», explique Hamza Bennani Smires qui a une conception de la musique purement artisanale. «Travailler chaque jour, améliorer le geste, le souffle et la création. Je m'active principalement autour de la trompette classique et jazz. Entre les concerts, les créations de musiques de films et de spectacles vivants, j'enseigne la trompette et anime avec beaucoup de plaisir et de passion des ateliers de musique pour enfants». D'aventures en aventures, il souhaite pouvoir enregistrer son projet «Les douces folies de Satie», histoire de laisser une trace. Projet riche, subtil et nuancé, «Les douces folies de Satie» reprennent un compositeur libre et souvent incompris. Hamza Bennani Smires lui donne un autre sens, un autre chemin, une nouvelle folie. «La musique est cette délicate et fragile association de sons dont le pouvoir est inouï. Au-delà des mots, de la raison et de toute représentation, elle a le pouvoir de guérir, de transcender, de faire ressentir le beau, le grave et le doux».