Le royaume s'est toujours présenté comme une plateforme économique et commerciale vers l'Afrique subsaharienne, mais peut également l'être dans l'autre sens. L'Afrique a besoin d'une meilleure intégration économique pour dialoguer avec ses partenaires sur le même pied d'égalité. L'Africa investment meeting (AIM) tient ses travaux du 28 au 30 avril, à Rabat. Organisé par Winvestnet, une plate-forme de networking commercial et financier en partenariat avec l'Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX). L'événement s'inscrit dans un road show pour vendre les potentialités dont le continent regorge et surtout nouer des partenariats et faciliter des B to B. Il s'inspire également de la dynamique enclenchée par le Sommet Chine-Afrique qui s'est tenu en septembre 2018 à Pékin et Shanghai. Une trentaine de pays africains sont donc au rendez-vous ainsi qu'une importance présence chinoise composée d'une quarantaine d'entreprises étatiques et privés. D'entrée de jeu, Reda Rami, directeur de winvestnet, a parlé de la nécessité de s'affranchir du schéma fournisseur- client avec l'Afrique pour aller vers la création de la valeur ajoutée et l'industrialisation. L'objectif, explique le responsable, est de présenter de vrais projets bancables. L'Afrique nourrira la planète Dans le même sens, Hicham Boudraa, directeur de l'AMDIE, a souligne que dans 40 ans, 60% des besoins alimentaires de la planète seront produits en Afrique. Toutefois, le continent est fragmenté à travers 15 régions économiques face une UE forte de sa cohésion et de sa force de négociation. Dans ce contexte, Boudraa a mis en avant l'exemple du Maroc qui grâce à ses infrastructures et sa stabilité politique ambitionne de jouer le rôle de locomotive dans le continent. D'autres pays africains comme le Nigéria, la Côte d'ivoire, le Sénégal et le Ghana, ont su tirer profit des opportunités d'une Afrique jeune, pleine d'opportunité et surtout accueillante dans un monde où le protectionnisme économique et le populisme occupe le terrain. Jing Ning, conseiller économique et commercial de l'ambassade de Chine à Rabat, a indiqué que son pays a investi 11 MM$ en Afrique en 2018. Les mines, l'industrie, l'agriculture, enfin la plupart des secteurs phares intéressent la Chine. Il a aussi attiré l'attention sur cette grande ouverture économique que la Chine compte aujourd'hui opérer comme l'une des principales orientations du deuxième forum Belt and Road (la ceinture et la route) qui vient de boucler ses travaux à Pékin par la signature d'accords de coopération pour 64 MM$. Ce second forum auquel 37 chefs d'Etats et de gouvernement ont pris part fait date. La Chine a explicitement montré sa disposition à s'ouvrir aux investissements extérieurs sur son sol et pour la première fois son respect de la propriété intellectuelle. Le mastodonte asiatique change donc de fusil d'épaule en s'ouvrant sur la coordination inter- gouvernementale afin d'accélérer la mise en oeuvre de sa nouvelle politique commerciale mondiale. En juin prochain, un autre forum Chine-Afrique aura lieu et le pays apporte les dernières touches à la deuxième exposition universelle qui aura lieu du 5 au 10 novembre prochain à Pékin. Mais, l'Afrique représente une priorité pour la Chine qui se trouve confronté aujourd'hui au blocus américain qui irradie aussi sur l'Europe. Laaziz Kadiri, président de la commission diplomatie économique, Afrique et sud-sud de la CGEM, a expliqué que le Maroc a signé pas moins de 700 accords publics et privés avec les pays africains. Il a plaidé pour une intégration économique régionale afin de remédier aux insuffisances d'une croissance irrégulière. Il n'en reste pas moins vrai, nuance-t-il, que le continent représente le meilleur retour sur investissement. Dans le même sillage, Amine Laghidi, vice-président de l'Asmex, a formulé l'idée que le Maroc puisse jouer le rôle de hub pas seulement dans la direction des pays africains, mais aussi dans l'autre sens. En effet, le Maroc est considéré comme un exemple d'ouverture dont la plus récente expression a été la suppression du visa pour la chine. Bai Xiaofeng, secrétaire générale du Conseil d'affaire sino-africain (CABC), porte un regard optimiste basée sur le pronostic du FMI d'une croissance stable de 4% entre 2018 et 2020 en Afrique. Elle a donné l'exemple des pays de la CEDEAO qui ont réussi à mettre en place une gouvernance économique régionale, un code communautaire d'investissement, une fiscalité attractive et la libre circulation des personnes et des biens. Elle a ajouté à ce propos que la CEDEAO a pu produire 140 lois favorables à l'investissement sur les 10 dernières années. La priorité est aujourd'hui accordée à des secteurs d'avenir comme les énergies renouvelables où le Maroc a un grand rôle à jouer, les services financiers, le transport, les télécoms, le BTP, la santé et la grade distribution. Autant de secteurs porteurs qui feront de l'Afrique une terre d'investissement et de croissance