Une délégation marocaine s'est déplacée à Madrid pour mener des entretiens avec 23 mineurs afin d'étudier la possibilité de leur rapatriement en vertu du protocole de réadmission maroco-espagnol. Après le retour volontaire des adultes place, c'est au tour des mineurs. C'est la dernière trouvaille des autorités marocaines et espagnoles pour encourager les mineurs migrants marocains à accepter leur rapatriement. De ce fait, le gouvernement espagnol a choisi le bon timing pour annoncer cette mesure pionnière. Sous les feux des critiques de la part des partis de l'opposition concernant le dossier migratoire, le parti au pouvoir a pris tout le monde de court en annonçant un prochain dénouement du dossier des mineurs à travers une solution concertée avec les autorités marocaines. Le gouvernement espagnol a choisi, comme d'habitude, le journal EL Pais pour annoncer ce plan inédit. Selon le média madrilène proche des cercles socialistes, les parties marocaine et espagnole mènent une expérience pilote auprès de 23 mineurs migrants placés sous la tutelle de la communauté autonome de la région de Madrid. Les concernés sont interrogés par des représentants des autorités marocaines dans les locaux du procureur général en charge des affaires des mineurs. Outre le procureur, un interprète ainsi qu'un éducateur social, sont parmi les personnes présentes à ces séances d'entretien. Les associations de protection des enfants déplorent toutefois l'absence d'un avocat durant ces «interrogatoires ». Le but de ces réunions est de sonder ces jeunes afin de voir leur prédisposition à rejoindre le Maroc. Toutefois, les autorités espagnoles n'ont rien laissé filtrer sur la contrepartie de ce deal bénéfique pour le gouvernement espagnol. Néanmoins, El Pais rappelle qu'il s'agit d'une réactivation du protocole de réadmission des migrants, entré en vigueur en 2012. Ce qui est en soit une victoire pour l'équipe de Pedro Sanchez. Celle-ci espère pouvoir mener cette expérience auprès du reste des communautés régionales accueillant les mineurs marocains, comme l'Andalousie. Or, il serait difficile de faire réadmettre les jeunes présents dans les enclaves de Sebta et Mélilia, les deux villes qui s'estiment les plus touchées par ce phénomène migratoire. De fait, et depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement socialiste a tenté de convaincre les autorités marocaines de procéder au rapatriement des mineurs en procédant à une étude, au cas par cas, des dossiers. Des informations parlaient de la prédisposition des autorités espagnoles à prendre en charge les études ou la formation des jeunes qui acceptent leur réadmission au royaume. Les pourparlers ont commencé en février et le wali directeur de l'immigration et de la surveillance des frontières Khalid Zerouali avait assisté à cette première réunion de travail sur le rapatriement des mineurs. Toutefois, la nouvelle a fait réagir l'ONG Save The Children. Dans une lettre adressée au ministère de l'Intérieur espagnol, au gouvernement de la Communauté de Madrid et le Défenseur du Peuple, l'ONG a exprimé son refus vis-à-vis de cette mesure. Celle-ci considère que le gouvernement espagnol devrait opter pour une «réforme profonde du système de protection et d'intégration ou le développement de solutions durables telles que le regroupement familial dans d'autres pays européens», recommande l'organisation internationale. Selon les chiffres du gouvernement espagnol, environ 70% des 11.000 mineurs étrangers accueillis en Espagne sont d'origine marocaine