« Les échanges Sud-Sud formeront l'un des moteurs de la croissance mondiale de demain, à condition que les politiques suivent ». Cette déclaration de Nezha Lahrichi, PDG de la Société marocaine d'assurance à l'exportation (SMAEX) qui a trait de prémonition plante le décor du deuxième panel d'intervenant de ce Forum de Rabat sous le thème de « L'investissement et l'intégration économique ». «Les opérateurs économiques ne doivent pas sous-estimer l'unité des pays émergents en l'occurrence la Chine, l'Inde, la Corée et la Turquie, qui restent concurrents dans les marchés en développement », ajoute Lahrichi. La résilience des marchés tels que l'Europe et le Etats-Unis est également un facteur clé à prendre en considération au même titre que les effets de la transition politique et démocratique qu'ont connu les pays du Nord du continent. Ce n'est qu'en prenant en considération toutes ces données que l'on pourra enfin mettre en place que Lahrichi qualifie comme étant «la nouvelle théorie du commerce international ». En ce qui concerne le développement économique de l'Afrique, la PDG de la SMAEX insiste sur l'importance de structurer les réseaux d'informations sur les entreprises ainsi que la collaboration des banques et établissements financiers dans ce registre. A ce titre, le vice président de PECOD-BAD (Banque africaine de développement), Mohammed H'midouche, regrette le fait que «les banques régionales ne jouent pas leur rôle de soutiens aux investissements et l'entreprenariat régionale». D'où l'importance de mettre en place des outils d'intégration adaptés à la région. Seulement voilà, les blocages politiques ont souvent eu raison des chantiers économiques tel que l'a souligné H'midouche dans son intervention. Jusqu'ici, le seul domaine dans lequel les collaborations africaines ont toujours fonctionné, est celui des infrastructures ainsi que l'énergie. Ce secteur fortement en vue au Maroc, ainsi que dans d'autres pays de la région pose justement de grandes interrogations pour les experts conviés ce débat. Si le Maroc se place comme leader énergétique africain, comment le pays est-il en mesure de concevoir une stratégie régionale en la matière ? L'investissement ? Le Maroc, premier client de la BAD comme le confirme son vice président a déjà démontré sa capacité à s'implanter de manière efficace sur le terrain africain. Preuve en est, « le Maroc est le plus grand investisseur étranger au Mali », souligne Hamed Sow, conseiller spécial du Président malien. Celui-là même qui avance que « le secteur le plus important dans la région, c'est l'énergie : Toute l'Afrique consomme environ 140 GW, ce qui représente pratiquement la consommation de l'Allemagne ». Il faut dire que les autres investissements aussi bien agroalimentaires, que miniers dépendent entièrement des ressources énergétiques du pays. Si les opérateurs africains peuvent donc se targuer aujourd'hui d'être « une destination de choix », comme le notent les panelistes, Anicet Georges Dologuélé, consultant auprès de la Banque mondiale, ancien président de la Banque des Etats d'Afrique Centrale (BDEAC), encore une fois la seule émergence de cette région du monde dépend de l'intégration économique de la région. Une intégration qui passera sans aucun doute par l'unification de la monnaie africaine, un projet « ambitieux » mais envisagé la Banque centrale à l'horizon 2021 pour peu.