L'Administration publique n'arrive plus à attirer les hautes compétences pour plusieurs raisons. Cela est principalement dû à une rémunération largement inférieure au marché, mais surtout à un système de motivation des plus obsolètes. Le ministre délégué de la Fonction publique et de la réforme de l'administration, Mohamed Benabdelkader, veut réformer ce système en s'attelant à la gestion des ressources humaines par la récompense des compétences. Il sera désormais question de productivité et non d'ancienneté car, il faut le rappeler, la quasi-majorité des fonctionnaires ne fournit aucun effort exceptionnel, sachant que son salaire est préalablement fixé par une grille et que l'échelle des promotions répond souvent à des critères pour le moins opaques. Il est donc temps d'adopter un système méritocratique qui récompense la compétence, l'effort, la créativité et la productivité. Pour ce faire, l'Administration marocaine doit disposer d'un dispositif de gestion de carrières clairement affiché avec une forte sensibilisation sur ce changement de cap. Le Maroc est inondé de dizaine de milliers de fonctionnaires dont l'apport, dans certains cas, est proche du néant! Ceux qui manifestent dans les rues pour intégrer la fonction publique doivent comprendre qu'ils auront des contrats d'objectifs obéissant aux mêmes règles de rigueur que celles prônées par le secteur privé. On ne lorgne pas un poste pour se garantir un salaire sans s'acquitter convenablement de ses engagements. Autrement, on est en plein système de rente. Les nouvelles règles que présentera prochainement le ministre de tutelle en Conseil de gouvernement doivent recueillir soutien et adoption pour le bien de notre pays. On ne peut aspirer à l'émergence sans un capital humain qualifié, productif et rentable. Il est temps de tourner cette page sachant que, même en entreprenant dès aujourd'hui cette mutation, l'Administration marocaine ne sera totalement marquée de la nouvelle empreinte qu'à l'horizon 2030.