L'assurance islamique s'est invitée jeudi dernier à la Bourse de Casablanca, sur le thème de «l'assurance islamique (Takaful) : une autre opportunité pour drainer l'épargne au Maroc». Initié par Ali Alami Idrissi, associé fondateur d'Optima Finance Consulting, en collaboration étroite avec la Bourse de Casablanca, ce premier workshop de l'année se voulait didactique. Il a réuni, à cette fin, une panoplie d'experts - consultants en la matière, avec la présence d'un représentant du ministère des Finances, le tout devant un auditoire regroupant curieux et intéressés. «L'assurance islamique est le parent pauvre de la finance islamique, comme celle-ci est le parent pauvre de la finance marocaine». Ce sont là les tous premiers mots prononcés par Mohamed Ali Mrad, Fondateur et PDG de «Mena Finance», première société de conseil financier et banque d'affaires islamique, et premier invité à s'exprimer sur le sujet. De quoi s'agit-il, en fait ? D'un concept nouveau, comme la finance islamique donc : Takaful. Sommairement, l'assurance Takaful est un modèle d'assurance islamique qui ressemble fortement, dans sa construction, aux systèmes des mutuelles d'assurance. Il est basé à la fois sur les principes d'assistance mutuelle et de contribution volontaire. Ethique musulmane oblige, ce système ne laisse aucune place au paiement et à la réception d'intérêt (al riba), à la prise excessive de risque (al maisir), à l'incertitude et à l'ambigüité dans la rédaction des contrats (al gharar), et bien entendu aux placements «illicites». De fait, le «Takaful» s'apparente à «un système dans lequel un groupe de personnes - participants - contribuent mutuellement à un fonds commun - fonds de Takaful - dans l'objectif de s'octroyer une assistance mutuelle sous forme d'indemnité si un sinistre devait toucher un membre». Comme la racine du mot l'indique (Kafala), Takaful renvoie aussi bien au concept de «garantie» que de «garantie mutuelle». Basé sur le principe de «contrat de donation» et non d'«échange» en vigueur dans l'assurance conventionnelle, le Takaful suppose une séparation des fonds des preneurs d'assurances (dits participants) et ceux des actionnaires, l'engagement à distribuer les bénéfices techniques, et non financiers, aux participants, l'interdiction des actifs non charia-compatibles, et la création d'un conseil de surveillance, dit «scholars board», qui veille à la conformité des opérations d'assurance aux préceptes de la charia. Trois principaux modèles sont en vigueur dans le monde. Il y a le modèle «Wakala» (gestion du fonds sans perception des bénéfices de la part de l'opérateur), le modèle «Moudaraba» (fondé sur le partage des bénéfices) et un autre, hybride. En 2009, les contributions au fonds Takaful avoisinaient 7 milliards de dollars US, avec un taux de croissance mondiale à deux chiffres. Rapporté au Maroc, tous les intervenants étaient d'accord pour dire que l'économie du royaume, «second marché de l'assurance en Afrique et le plus dynamique dans le Maghreb devrait engendrer l'un des plus grands marchés de Takaful dans la région MENA , compte tenu du fait qu'une large partie de la population marocaine thésaurise son épargne par réticence vis-à-vis du système financier et bancaire classique. Toutefois, comme l'a noté Azeddine Benali, chef de service assurance au ministère des Finances, le code de l'assurance marocain «se prête à l'intégration de tels produits, mais encore faut-il réajuster, modifier et compléter certaines dispositions réglementaires», de manière à éviter des distorsions juridiques, mais aussi économiques.