Si vous souhaitez vous lancer dans l'entrepreneuriat, c'est le moment ! Jamais, en effet, autant d'intérêt n'aura été consacré à l'encouragement et au soutien de l'entrepreneuriat, particulièrement chez les jeunes. Le PNB-Napeo, qui se tient à Marrakech, aura eu le mérite d'orienter les projecteurs vers ce que l'on considère unanimement comme la solution aux problématiques de l'emploi dans la région du Maghreb et une condition à son développement économique. «La promotion de l'entrepreneuriat est la démarche la plus adéquate pour parvenir à un monde démocratique, prospère et sécurisé». Cette déclaration du secrétaire d'Etat adjoint américain chargé de l'Economie, de l'énergie et des affaires en dit long sur l'intérêt que porte le pays de l'oncle Sam à l'entrepreneuriat. Du coup, les Etats-unis mettent la main à la poche et mettent sur la table un cachet de 4 millions de dollars pour le financement de cette initiative via la mise en place d'un fonds dédié. Il faut dire que si le pays met à disposition du Maghreb autant de moyens, ce n'est pas du tout un hasard. «Le Maghreb recèle un potentiel humain important et des atouts économiques énormes, faisant part de la détermination des Etats-Unis à aider ses partenaires à la création de davantage d'emplois et au raffermissement des partenariats déjà existants», souligne le secrétaire d'Etat adjoint américain. C'est donc là une véritable opportunité pour le Maroc et ses voisins en vue d'encourager l'entrepreneuriat, surtout que l'engagement des Etats-Unis constitue un argument de taille pour rallier également le secteur privé à cette ambition. «Il faut construire un partenariat avec le privé en créant un terrain commun, public-privé» insiste de son côté Madeleine Albright, ancienne secrétaire d'Etat américaine et star-guest du PNB-Napeo Marrakech. C'est dire que le moment est au ralliement des troupes pour remédier à une entrave de taille. En termes de capitaux privés, il y a certes une réelle richesse, mais en termes d'investissement social, des efforts restent à déployer. Plus question donc que l'Etat soit seul à investir dans ce volet et la mise en place par NAPEO d'un réseau d'hommes d'affaires et d'investisseurs du Maghreb et des Etats-Unis œuvre dans ce sens. En attendant les premières retombées de cette initiative, les jeunes intéressés par l'entrepreneuriat ont déjà soufflé aux décideurs les principaux axes sur lesquels il faudra s'activer. Ceux-ci déplorent en effet le manque d'aides accordées aux jeunes entrepreneurs dans les pays du Maghreb ainsi que l'inadéquation entre les programmes scolaires et universitaires et les besoins du marché de l'emploi. Les principales doléances formulées lors du PNB-Napeo concernent également la promotion des relations de partenariat dans le domaine de la formation et du coaching des jeunes entrepreneurs et de l'ouverture sur les expériences réussies dans ce domaine. C'est là où les Etats-Unis auront un rôle clé à jouer dans le sens où les échanges, dans le cadre du NAPEO, permettent aujourd'hui aux décideurs maghrébins de bénéficier de l'expertise du modèle américain. C'est du moins le souhait sur lequel se rejoignent les parties prenantes au conclave de Marrekch. Lire aussi : La responsabilité social vue par Terrab POINT DE VUE Souraya Badraoui, Présidente de l'AFEM. L'entrepreneuriat féminin a fait du chemin ces dernières années, pour atteindre aujourd'hui 12% de l'entrepreneuriat global. Ceci dit, il existe toujours des entraves auxquelles il faudrait remédier, aussi bien pour l'entrepreneuriat des femmes que pour celui des hommes. C'est notamment le cas du financement du démarrage des projets, qui demeure un handicap majeur en raison des exigences des banques pour ouvrir les lignes de financement. Un entrepreneur qui démarre son projet dispose, en effet, de peu de garanties qu'il doit néanmoins présenter à la banque. La situation est encore plus compliquée pour les femmes vu que celles-ci, pour des raisons souvent culturelles et historiques, disposent de moins d'actifs personnels que les hommes, et avec, en conséquence, une assise plus faible, qui ne leur permet pas de répondre aux exigences de garantie des établissements bancaires. Pour ces raisons, nous restons aujourd'hui dans une configuration où l'entrepreneuriat féminin reste concentré sur la valeur des compétences humaines au lieu du capital matériel. Il faudrait, sans aucun doute, renforcer le partenariat public-privé pour encourager la création des entreprises. Au niveau bancaire, la création d'un fonds de soutien à l'entrepreneuriat, notamment féminin, pourrait répondre à la problématique des garanties. Concernant l'initiative NAPEO, nous avons tenu à ce que l'AFEM soit représentée dans le comité NAPEO Maroc parce qu'il s'agit d'une dynamique de développement économique dans la région. L'intégration régionale joue un rôle primordial dans le sens où elle permettra aux pays du Maghreb, dont le Maroc, d'augmenter significativement leurs PIB. En temps que force vive de l'entrepreneuriat, nous avons tenu à faire bénéficier les femmes chefs d'entreprises de ce soutien des Etats-Unis à l'entrepreneuriat, notamment avec la contribution du fonds dédié mis en place. Il y aura donc des négociations avec les différentes parties prenantes de ce projet pour justement profiter de cette occasion, afin de développer davantage l'entrepreneuriat féminin. TEMOIGNAGE Yassine El Kachchani, Fondateur de Flexcible et lauréat de l'initiative NAPEO. Les échos quotidien : Quel est le projet que vous avez présenté à l'initiative NAPEO ? Yassine El Kachchani : Notre projet concerne la création d'une start-up spécialisée dans le développement logiciel qui va relier les restaurants et leurs clients. Concrètement, il s'agit de mettre en place un outil web qui permettra de gérer les commandes en temps réel. Nous avons pu lever des fonds grâce à l'initiative Intilaq et son lancement est prévu dans un mois. Comment s'est déroulé le processus de sélection ? Nous avons été informés de la compétition organisée par le NAPEO sur le net et nous avons participé avec une centaine d'autres concurrents marocains. Nous sommes parvenus à être sélectionnés avec les finalistes. Par la suite, il y a eu la présentation du projet devant des «business angels» américains, lesquels ont finalement été séduits par le projet. La différence s'est faite au niveau du potentiel du projet qui peut prétendre concurrencer ceux des Etats-unis. Concrètement, quel genre de soutien allez-vous obtenir du NAPEO ? Nous allons commencer par une incubation de 4 mois au Michigan où nous pourrons bénéficier, en plus de l'espace de travail, du monitoring. Des sessions de présentation du projet à des investisseurs américains sont également prévues à la Sillicon Valley. Il s'agira donc pour le début d'avoir un accompagnement qui nous permettra d'approcher les investisseurs. Pour le moment, nous avons bénéficié de l'aide du gouvernement marocain via un fonds d'amorçage. Cela nous permet d'entamer d'abord le projet puis de valider notre modèle économique. Ensuite, si nous arrivons à bien vendre l'idée, nous serons bien positionnés pour séduire les investisseurs. Lire aussi interview : Nizar Baraka «Partenariat public-privé, un axe prioritaire»