Le chef de gouvernement lui a confié une mission qui n'est pas de tout repos sachant que son offre ne fait pas l'unanimité parmi les syndicats représentatifs. Sans une nouvelle offre portant sur les salaires et l'amélioration du pouvoir d'achat, tout dialogue serait vain. Un nouveau round du dialogue social devrait avoir lieu aujourd'hui à Rabat. Il est spécial puisque pour la première fois, le ministère de l'Intérieur entre en ligne après plusieurs mois de blocage et de va-et-vient infructueux mais selon une source à l'UGTM, la centrale aurait reçu une invitation de la part du ministère de l'Intérieur pour une rencontre programmée jeudi, ce qui laisserait entrevoir un agenda portant sur des rencontres avec chaque syndicat à part ou deux à la fois. En tout cas, les informations se font rares sur cette reprise du dialogue sous les auspices de l'Intérieur. El Othmani ne lâche pas du lest Le gouvernement change donc de fusil d'épaule en confiant à ce ministère l'un des dossiers les plus épineux de son mandat. Le chef du gouvernement semble avoir appelé à la rescousse Abdelouafi Laftit, malgré la réticence de ce dernier, selon des informations filtrant de l'Exécutif. La besogne est loin d'être une promenade de santé pour un Saâd-Eddine El Othmani qui au fil de ses rares rencontres avec les syndicats représentatifs n'a pas cédé à leurs requêtes sur les hausses de salaires et des allocations familiales sans compter une ribambelle d'autres revendications à caractère non pécuniaire. Le chef de gouvernement a expliqué qu'il ne s'agit pas d'un aveu d'échec de sa part en invitant le ministre de l'Intérieur à la table des pourparlers avec les syndicats. Il a ajouté que tout accord ne pourrait être scellé qu'en sa présence. El Othmani voulait élargir le débat pour mieux s'armer face à un début d'année qui s'annonçait particulièrement chaud. Les syndicats n'ont pas caché leur disposition à recourir à tous les moyens en leur possession pour montrer leur mécontentement. C'est le cas notamment de l'UMT qui s'est montrée particulièrement déterminée à battre le pavé durant ce mois de janvier. La décision a été prise à l'issue de son dernier conseil national durant lequel tout un programme de protestation a été adopté pour mettre la pression sur le gouvernement. Idem pour la CDT qui se trouve en quelque sorte ragaillardie par l'élection d'un nouveau SG en remplacement de Noubir Amaoui. Sans perdre de vue l'UGTM dont le SG, Enâam Mayara n'a eu de cesse d'exprimer son courroux devant la modicité de l'offre gouvernementale alors qu'il était parmi les plus disposés à reprendre langue avec El Othmani dans le cadre du dialogue social. Une offre gouvernementale qualifiée de maigre L'offre gouvernementale qui consiste à augmenter exclusivement les fonctionnaires de l'échelle 10 jusqu'à l'échelon 5, de 400 DH sur trois ans a été qualifiée de miettes. Plus encore, cette offre n'inclut pas les salariés du privé qui doivent se battre seuls sur le front du dialogue sectoriel. Les syndicats veulent une hausse de 600 DH pour tous, une révision de l'impôt sur le revenu, l'augmentation du SMIG ainsi qu'une meilleure revalorisation des allocations familiales. Pour ces dernières, le chef de gouvernement avait proposé une hausse de 100 DH par enfant sur deux tranches pour atteindre 300 DH par enfant jusqu'au troisième. D'autres revendications ont aussi été mises en exergue comme l'amendement du statut de certaines catégories de fonctionnaires, sans oublier les vieux engagements inscrits dans l'accord du 26 avril 2011. Le fait qu'El Othmani appelle son ministre de l'Intérieur à la rescousse pour ramener des syndicats désabusés autour de la table, témoigne d'une disposition à aller jusqu'au bout pour reprendre le dialogue. Dans ce sens, il a promis, lundi au Parlement, d'arriver à un accord même en fin de mandat. Toutefois, il n'a pas fait état d'une nouvelle proposition qui serait à même de donner l'eau à la bouche aux syndicats.