L'année en cours avait mal démarré pour les relations entre le Maroc et l'Union européenne, à cause de la guerilla judiciaire menée par les séparatistes. 9 mois après, le parlement européen est sur le point de valider l'accord de pêche après avoir voté majoritairement celui portant sur l'agriculture. Un dégel auquel a grandement contribué la Commission parlementaire mixte Maroc-UE. Entretien avec Abderrahim Atmoun, co-président. Quel bilan peut-on faire des travaux de la Commission mixte Maroc-UE durant l'année qui est sur le point de s'écouler ? Durant cette année, le bilan est particulièrement riche pour la Commission Parlementaire Mixte Maroc-Union européenne, coté marocain. De la promotion de la Démocratie et des Droits de l'homme, à la lutte contre le terrorisme, en passant par la promotion de l'intégrité territoriale du Royaume et le renforcement des relations avec le Parlement européen, cette instance parlementaire (composée de parlementaires marocains et européens dans le cadre du statut avancé) a mené de nombreuses actions couronnées de succès. Celles-ci sont le fruit d'une multiplication de visites parlementaires soldées par plusieurs rencontres de haut niveau, permettant le renforcement de la présence du Royaume au sein du Parlement européen. Afin d'établir une relation de confiance avec nos collègues européens, nous abordons ensemble tous les sujets et ouvrons des débats qui nous permettent d'anticiper les contours d'une gouvernance euro-marocaine rénovée qui soit encore plus ambitieuse et solidaire afin d'apporter des réponses pertinents aux multiples défis auxquels nous sommes confrontés. D'autres réunions issues du programme régulier de la de la Commission Parlementaire Mixte Maroc-Union européenne ont été effectuées. Il s'agit de réunions de binômes axées sur 4 thématiques liées à la politique de voisinage, les questions sécuritaires et migratoires, le développement humain et la lutte contre le terrorisme et le radicalisme (dont Pier Antonio Panzeri est en charge côté européen), la coopération économique et commerciale, ainsi que la relation UE-Maroc-Union africaine. Plusieurs événements de grande envergure ont marqué cette année 2018, à savoir : l'organisation à Rabat de la 8ème réunion annuelle de la Commission Parlementaire Mixte Maroc-Union européenne; la visite à Rabat en début d'année du Président de la Commission des Droits de l'Homme M. Pier Antonio Panzeri; la réunion de mi-parcours tenue à Strasbourg le 08 février 2018; la tenue à Bruxelles de la 9ème réunion annuelle de la Commission parlementaire Mixte Maroc-UE le jeudi 21 Juin 2018 sous la coprésidence de Mme Ines Ayala Senderdu coté européen, que je remercie vivement pour sa disponibilité et son écoute, et moi-même du coté marocain. C'est d'ailleurs durant cette réunion qui s'est tenue en présence de Mme Aminata Tougara, vice-présidente du Parlement de la CEDEAO que 94 amendements se rapportant aux thématiques annoncées précédemment ont été adoptés, dont l'organisation d'un Forum Sécurité et lutte contre le terrorisme et la radicalisation. Quelles ont été vos actions pour promouvoir la position marocaine concernant le Sahara ? Concernant la question du Sahara marocain, placée en tête des priorités, la Commission Parlementaire Mixte Maroc-Union européenne, s'est attelée à convaincre les parlementaires européens du bien-fondé de l'initiative marocaine accordant une large autonomie aux provinces du Sud dans le cadre de la souveraineté nationale. Une solution juste, crédible et durable pour la résolution du conflit autour des provinces marocaines du sud. Ainsi, cette année, la Commission Parlementaire Mixte Maroc-Union européenne a déjoué 147 amendements ciblant l'intégrité territoriale de notre pays grâce notamment aux plus de 200 rencontres qui ont eu avec des parlementaires européens. Car ce n'est qu'à travers un dialogue permanent et constructif que nous pourrons mener des avancées concrètes. On dit souvent que le Maroc est «une porte d'entrée en Afrique» pour l'Europe. Quelle est la réalité sur le terrain ? Il faut savoir que la Commission Parlementaire Mixte continue de développer des coopérations renforcées au niveau sous-régional. Celles-ci ont pour objectif de nouer un partenariat stratégique tripartite entre le Maroc, l'Afrique et l'Europe, fondé sur des intérêts mutuels, des défis partagés et un avenir commun à construire sachant que l'imbrication croissante des intérêts géopolitiques et sécuritaires entre nos deux continents, tout comme la densité des échanges économiques, culturels et humains plaident en faveur d'une architecture partenariale novatrice qui prenne en considération toutes nos spécificités géopolitiques. C'est pourquoi, les agendas sécuritaires, politiques, économiques et humains de l'espacesahélo-saharien et de la façade Atlantique requièrent des approches partenariales concertées et solidaires entre le Maroc, l'Afrique et l'Europe. La Coopération tripartite entamée par la Commission parlementaire Mixte Maroc-Union européenne est à la fois une évidence géographique, une nécessité politique, une opportunité socio-économique et par-dessus tout un besoin stratégique pour les pays européens et africains. Ainsi, la CPM Maroc-Union européenne est bien placée pour jouer un rôle clé dans la promotion d'actions innovantes répondant aux besoins des populations et des pays africains ainsi que de travailler à la mise en place de grands projets euro-africains. A cet égard, la Commission Parlementaire Mixte Maroc-Union européenne a donné son aval a l'organisation d'un Forum consacré à la lutte contre le terrorisme et la radicalisation en vue de manifester avec force notre unité et d'appeler les gouvernements à prendre des engagements fermes sur ces questions qui nous concernent tous. - Où en est l'accord de pêche et l'accord agricole entre les deux parties ? Le circuit législatif s'est il montré capricieux ? Le lobbying des ennemis du Maroc a-t-il influé sur les membres du Parlement européen ? Comme vous le savez, tous les processus de négociations entre le Maroc et l'Union européenne finissent à la table de vote du Parlement européen. Il s'agit de l'étape la plus difficile du processus. C'est pour cette raison que notre vigilance ainsi que notre présence régulière et continue au sein du Parlement européen sont essentielles pour réussir nos actions et éviter les manœuvres de certaines personnes hostiles au Royaume et qui souhaitent perturber notre partenariat privilégié avec l'Union européenne. A cet effet, la Commission Parlementaire Mixte Maroc-Union européenne du côté marocain s'est mobilisée pour le renouvellement des accords qui lient le Maroc à l'UE depuis l'avis du 8 janvier 2018 délivré par Procureur général de la Cour de justice européenne. La CPM Maroc-UE a accompagné toutes les étapes de l'accord agricole et de l'accord de pêche au sein du Parlement européen que ce soit au niveau des rapports, des avis ou des votes qui ont eu lieu au sein des Commissions AGRI, PECH, AFET, DEVE ou INTA et où tous les amendements déposés par nos adversaires ont été avortés. C'est grâce à de nombreuses rencontres auprès de membres de ces commissions que nous avons obtenus des votes positifs pour l'accord agricole au sein de la Commission AGRI (agriculture), Commission DEVE (Développement rural), Commission AFET (Affaires Etrangères) et Commission INTA (Accord Commerciaux internationaux).En ce qui concerne l'accord de pêche, nous avons obtenu des votes positifs au sein de trois Commissions dont la Commission PECH (pêche), la Commission AFET(Affaires Etrangères) et la Commission INTA (Accord Commerciaux internationaux). Le vote final concernant l'accord agricole aura lieu en plénière à Strasbourg le 16 janvier 2019 alors que celui de la pêche est prévu en février. Ces succès sont le fruit d'efforts continus et inlassables des députés marocains de la CPM Maroc-UE. Le rôle de la Commission a été très apparent durant tous ces processus et le sera encore plus dans les mois à venir en contrecarrant toute tentative de nos ennemis de s'ingérer dans le processus de l'adoption de l'accord au sein du Parlement européen.