«Constatant ce qui s'est passé pour le titre, nous avons demandé au CDVM de suspendre la cotation de HPS». C'est ainsi que réagit Mohamed Horani, PDG de HPS, à la polémique née des mouvements inhabituels qu'a connus la valeur durant les séances précédant sa suspension. Comme rapporté dans notre édition de lundi, la société a officialisé le profit warning sur ses résultats le lendemain, suite à la mise à jour de ses prévisions qui ressortaient en deçà de celles établies précédemment. Au-delà du profit warning en soi, l'information renforce les suspicions évoquées par les boursicoteurs sur un éventuel délit d'initié sur ce titre. Pour rappel, plusieurs ordres de vente à tout prix de 500 actions ont été constatés sur le ticket HPS durant les quelques jours précédant sa suspension. Ceci aurait permis, au cas où le même vendeur serait derrière ces ordres, ce qui est fortement pressentie, de liquider plus de 4.000 titres HPS à la veille du profit warning. Le CDVM suit de près Simple coïncidence ? Quoi qu'il en soit, ces mouvements ont provoqué la chute de près de 17% du cours de la société en trois séances de cotation, un fait rarement vu dans le parcours de HPS depuis son introduction en Bourse. Contacté par Les Echos quotidien, Hassan Boulaknadel, directeur général du CDVM, nous confirme que l'affaire est suivie de près. «Nous sommes dans une phase de collecte d'information et l'enquête sera menée comme c'est le cas dans n'importe quel mouvement important, qu'il soit à la hausse ou à la baisse», confie-t-il. En attendant de savoir de quoi accouchera cette affaire, le management de HPS a fait savoir que le dit profit warning est dû principalement au contexte économique international, lequel s'est fortement répercuté sur les ventes de la société en Europe. Au terme de l'année 2011, HPS n'a, en effet, pu concrétiser aucun contrat sur le marché européen, en raison «des délais de prises de décisions qui deviennent de plus en plus longs chez nos clients», explique Horani. Cependant, cela n'explique que partiellement le fait que HPS se retrouve aujourd'hui avec des réalisations inférieures aux attentes, vu que le dit contexte de crise à l'international dure depuis quelques années déjà. La véritable explication du profit warning est surtout ce contrat conclu avec le client Accarda qui n'a pas encore été honoré. «Le client nous a demandé de revoir le contrat en raison d'un projet de restructuration interne qu'il a mis en place. Nous avons décidé de répondre favorablement à sa requête» précise Horani. C'est ainsi qu'en date du 06 janvier 2012, (date qui coïncide par ailleurs avec les mouvements suspicieux constatés sur HPS en Bourse), la société et son client ont signé un protocole d'accord fixant les modalités de replanification des modules qui ne sont pas encore en production, tel que le souhaitait Accarda. «Par prudence, nous avons préféré provisionner le montant du contrat équivalent aux modules non encore installés. Ceci devrait avoir un impact de 18 MDH sur notre résultat d'exploitation», explique Brahim Berrada, DGA de HPS. Hormis cet impact sur les provisions de l'entreprise, les conséquences de cette opération vont plus loin puisque cela a motivé le top management de HPS pour revoir sa méthode de comptabilisation de pareils contrats. En effet, jusque là, HPS avait l'habitude de comptabiliser les contrats conclus avec ses clients, en totalité dans l'exercice concerné par la signature. Ceci avait pour impact de provoquer des fluctuations importantes dans les résultats. Désormais, ces contrats seront comptabilisés selon l'état d'avancement du projet, ce qui permettra à HPS d'avoir une meilleure visibilité sur ses résultats et surtout avoir un lissage des fluctuations. Ce nouveau mode de comptabilisation sera appliqué dès l'exercice 2011, notamment pour un contrat de 5 millions d'euros. Les charges non courantes de l'entreprise risquent d'être touchées dans un premier temps mais cela ne sera qu'un report de produit pour les prochains exercices. «Ce nouveau mode reflète notre adaptation à la nouvelle nature des contrats que nous concluons, ceux-ci portant désormais sur de plus longues durées», renchérit Horani. Le top management de HPS note également un certain retard dans l'activité de Powercard, produit qui génère la moitié des revenus de l'entreprise. Berrada explique principalement cette tendance par le climat d'attentisme qui caractérise certains grands marchés de HPS.