«La formation est l'un des premiers éléments de motivation et de fidélisation des salariés au sein des entreprises marocaines». La confirmation vient, une fois encore, d'être donnée par l'étude réalisée par le site de recrutement en ligne, Amaljob. Une étude, qui fait ressortir que la formation est perçue comme un excellent accélérateur de l'évolution de carrière. «Il s'agit également d'un moyen de fidélisation des collaborateurs», comme l'explique Mohamed Benouarrek, expert en ressources humaines. Malheureusement, au Maroc cette tendance n'est pas si ancrée. Nombreuses sont les entreprises qui n'arrivent pas à faire bénéficier leurs salariés des formations. L'une des principales raisons de cette grande lacune est due à l'inefficacité du système des contrats spéciaux de formation(CSF). Longtemps en panne, ce système préoccupe l'OFPPT qui est en charge de la gestion des CSF. En effet, l'Office tente aujourd'hui de remédier à cette situation. L'Office tente ainsi de faire le grand ménage dans ces contrats pour en revoir les modalités de revalorisation. Pour cela, une étude est en effet commanditée au marché, dans le but principal d'aboutir à une évaluation de «l'impact des actions de la formation continue financées par le système des CSF et des GIAC sur la performance des entreprises». Une louable initiative, à première vue, mais qui ne semble pas convaincre les opérateurs privés du secteur de la formation. Certains d'entre eux, estiment en effet que «cette décision n'est qu'un message destiné au patronat, qui décrie le système de gestion des contrats spéciaux de formation et des GIAC». C'est justement là le point focal d'un grand débat qui dure depuis un moment déjà: La confédération patronale a, à plusieurs reprises, critiqué le mode de gestion de ces contrats en proposant d'en centraliser la gestion à son niveau à l'horizon 2013. Aujourd'hui, avec les nouvelles prérogatives constitutionnellement accordées à la Confédération, les patrons estiment avoir plus de chances de récupérer la gestion des CSF. Les secrets d'un optimisme Pour cela, la CGEM compte s'appuyer sur «des formules de gestion inédites», qu'elle propose, selon Mohamed Slassi, Vice-président de la commission formation au sein de la Confédération. Celle-ci a présenté plusieurs propositions au gouvernement dans ce sens. Même, qu'il y a quelques mois, la CGEM commanditait, en partenariat avec le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle et les syndicats, une étude pour la fluidification des processus de gestion des CSF et des GIAC. En phase de finalisation, les résultats de cette étude seront prêts dans quelques mois. Déjà, la CGEM a tracé les grandes lignes de sa stratégie de gestion. La création d'un «super GIAC» est ainsi prévue, lequel sera amené à gérer l'exécution financière des neuf autres. La Confédération compte également jouer sur la carte de la fluidité de la validation des plans de formation par les GIAC et des remboursements par les CSF. De son côté, l'Office de la formation professionnelle ne compte pas lâcher prise dans cette affaire, qu'il estime de son ressort. À son tour, il est en train de recruter un prestataire, en vue d'étudier «l'impact des actions de la formation continue», financées par le système des CSF et des GIAC, sur les performances des entreprises à travers le royaume, suite à une décision du Comité central des CSF (CCCSF). De quoi s'agit-il ? L'objectif de cette démarche est d'évaluer l'impact des actions financées à travers ce système, en termes d'efficacité et de retombées sur le développement de la compétitivité des entreprises, afin de donner une image fidèle de cet impact au niveau de chaque région et de chaque secteur, suivant des indicateurs économiques précis. Bémol! Si, du côté de l'Office, l'on soutient que le dossier de l'appel d'offres lancé fin décembre dernier a été préparé en concertation avec l'ensemble des partenaires -dont la CGEM, celle-ci rejette en bloc cette version. L'évaluation en question devrait, en principe, être finalisée vers fin 2012. À ce titre, les grandes lignes de changement que compte entamer l'OFPPT, concernent la mise en œuvre, annuelle, des plans de formations sectorielles ou groupées dédiées aux PME/ PMI, sans contribution financière directe ni formalité administrative de leurs parts. Ces plans de formation seront, en effet, directement financés sur une fraction de la Taxe de la formation professionnelle (TFP) décidée par le Comité de gestion. Pour Slassi, «cette décision reste bonne dans la mesure où elle réglera les problèmes de financement des formations. Toutefois, elle remet en cause la qualité de la formation et l'équité entre les formations privée et publique». Autrement dit, les salariés seront obligés de suivre des formations à l'OFPPT, qui seront peut-être en inadéquation avec leurs besoins, voir leurs niveaux. Interpellée sur ce point, l'OFPPT explique qu'il s'agit d'une piste parmi d'autres pour régler, en partie, le problème des GIAC et des CSF. Et de préciser que cela fait des années qu'il «plaide l'externalisation de la gestion des CSF afin de se centrer sur sa mission d'opérateur de formation au service des jeunes et des entreprises». Cette proposition, motivée par la volonté de l'OFPPT de développer l'accès à la formation continue, peut donner également lieu à une troisième piste de réflexion. Cette dernière pourra permettre aux deux entités (CGEM et OFPPT) de gérer conjointement ces CSF, notamment au regard du fait que la CGEM cherche la gestion financière et que l'OFPPT, préfère garder la gestion de la formation. Une solution qui sera au goût des deux parties, et permettrait peut-être à cette affaire de voir le bout de tunnel.