Deux musiciens de rue, arrêtés après un accrochage avec des agents d'autorité venus les déloger pour "nuisances sonores", ont été condamnés jeudi soir à un mois de prison avec sursis par un tribunal à Casablanca, une affaire qui a suscité l'indignation au Maroc. Badr Mouataz et Mehdi Achataou, âgés respectivement de 25 et 28 ans, avaient été interpelés mi-novembre par des agents d'autorité alors qu'ils se produisaient à la place des Nations unies, dans le centre-ville de Casablanca, selon leur avocat Youssef Chehbi. Un accrochage avait eu lieu avec ces agents venus appliquer une décision d'interdiction des musiciens se produisant sur cette célèbre place, pour réduire les "nuisances sonores". Les deux musiciens, poursuivis en état d'arrestation, ont été condamnés chacun à un mois de prison avec sursis, jeudi soir par le tribunal de première instance d'Ain Sebaa, notamment pour "refus d'obtempérer" et "violences à l'encontre de fonctionnaires publics", a précisé Chehbi. L'affairea avait suscité l'indignation dans le royaume, aussi bien dans les milieux culturels que chez les défenseurs des droits humains. L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) avait exprimé dans un communiqué son "soutien absolu" aux musiciens arrêtés, condamnant leur "interdiction et arrestation". Une affiche montrant les mains d'un pianiste menottées, accompagnée du message "l'art de rue n'est pas un crime", est devenue virale sur les réseaux sociaux. Des internautes ont même rappelé la condamnation en 2003 à des peines de prison de 14 jeunes amateurs de hard rock, une affaire qui avait défrayé la chronique et suscité une vague de mobilisation au Maroc.