Hausse salariale, mesures contre les discriminations et lutte contre les abus sexuels figurent parmi les mesures adoptées par les partenaires sociaux au profit des saisonnières marocaines s'affairant dans les exploitations agricoles en Espagne. La prochaine campagne de recrutement des saisonnières marocaines pour les champs de Huelva aura un goût différent. C'est, du moins, ce que promettent les syndicats et les patrons des exploitations agricoles. Suite à la forte mobilisation des journalières marocaines contre les abus et les mauvaises conditions de travail, les partenaires sociaux en charge de ce secteur viennent d'apporter des améliorations au cadre régissant ce secteur. L'association agricole des jeunes agriculteurs, ASAJA-Huelva, et la centrale syndicale Commission ouvrières (CCOO), qui représenterait 60% des professionnels du secteur agricole, ont conclu un accord qui s'étalera sur 3 campagnes (2018, 2019 et 2020). Celui-ci devrait améliorer les conditions de travail et d'accueil des journalières recrutées pour la récolte des fraises dans cette province espagnole. Il s'agit d'un «document pionnier» sur le plan national, selon les signataires de cette nouvelle convention collective. Sa grande nouveauté résiderait dans le fait que, pour la première fois, le protocole en question insiste sur la mise en place de mesures permettant de prévenir les abus sexuels. Le document met aussi l'accent sur les actions à mener en cas d'agression. Le nouveau pacte devrait accorder davantage d'intérêt à la question de l'égalité entre les employés et les employées. Il s'agit mais de mettre l'accent sur une profonde application de l'approche genre dans les champs. Autre mesure phare conclue entre les deux parties, la hausse de 2% des rétributions des journalières, au titre de chaque campagne, ce qui fera au total une révision à la hausse de 6% durant les trois exercices sur lesquels s'étalera cette convention. Il s'agit de la plus importante hausse salariale décidée les concernant, a estimé cette organisation patronale. Le secrétaire d'ASAJA-Huelva, José Luis Marin, a estimé que le secteur a été «injustement» attaqué durant cette dernière campagne, pâtissant d'une «désagréable campagne de discrédit», a-t-il souligné. «Les attaques se sont généralisées à tout le secteur de manière injuste», s'est-il plaint. Selon le représentant des patrons d'exploitations agricoles, cette nouvelle approche reflète un engagement des parties concernées. Celles-ci ont compris qu'il est nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire pour garantir le droit à l'égalité de traitement et que l'accès aux opportunités soit réel. À ce sujet, les deux partenaires se sont accordés sur la création d'une commission paritaire axée sur l'égalité des opportunités. Elle sera constituée par les syndicats et la partie patronale. Parmi ses missions, il s'agira d'élaborer des campagnes de sensibilisation et de rédiger des rapports sur cette question. Sur ce registre, les nouvelles dispositions de la convention collective ont instauré la fonction de «médiateur interculturel». La personne en charge de cette fonction aura pour mission d'être à l'écoute des journalières migrantes, et ce, afin de leur garantir une meilleure intégration socioprofessionnelle. De même, elle fera office de «trait d'union» en cas de discrimination ou d'abus.