Maîtrise de la dette, retour à la profitabilité, cash-flow... Les promoteurs immobiliers cotés en Bourse reprennent des couleurs malgré la baisse, pour certains, de leur résultat net. Après la traversée du désert de 2017, l'immobilier semble retrouver des couleurs. Malgré l'atonie des transactions au niveau national, certains marchés, comme le périurbain ou certains segments du social, retrouvent des couleurs. Les promoteurs cotés en Bourse, notamment Résidences Dar Saada, Alliances et Addoha, affichent donc des résultats globalement positifs pour le premier semestre 2018. Pour le premier, la première moitié de l'année a été marquée par le lancement du concept de «social duplex», dont la commercialisation a connu «un franc succès». Le tout avec une réorganisation de la force commerciale puisque, lors cette période, le nombre de biens commercialisés s'établit à 2.039 unités contre 1.404 durant la même période l'année dernière. Le deuxième a, lui, repris la maîtrise de son passif tout en lançant un nouveau business model. Le troisième a quant à lui dépassé la conjoncture interne difficile en accélérant le rythme de développement de ses filiales africaines. Tour d'horizon. RDS Le social en booster Résidences Dar Saada a réalisé un chiffre d'affaires de 411 MDH durant le 1er semestre 2018. Cette performance est réalisée suite à la livraison de 1.347 unités dont 86% constituées de projets sociaux. En effet, les dernières tranches des projets réceptionnées sur le 1er semestre 2018 totalisent à peine 1.433 sur un total d'unités à réceptionner sur l'année de l'ordre de 4.800. Par conséquent, le chiffre d'affaires annuel n'est pas cadencé linéairement, et les prévisions en termes de chiffre d'affaires et de résultat net sont maintenues compte tenu des achèvements du 2e semestre et du niveau de préventes sur les projets à réceptionner. La valeur des stocks d'unités commercialisées a atteint 2 MMDH à fin juin 2018. «Les réalisations de ce semestre en termes de préventes nous confortent par rapport à l'atteinte de nos prévisions annoncées pour 2018, et qui s'établissent à près de 5.000 unités», assure le management dans sa communication financière. La marge opérationnelle dégagée au titre du 1er semestre 2018 est en nette progression, et s'établit à 124 MDH, représentant ainsi 30% du chiffre d'affaires contre 19% courant la même période de l'année précédente. De ce fait, la marge nette s'est nettement améliorée avec un résultat net de 101 MDH, représentant 25%, contre 16% du chiffre d'affaires courant la même période de l'année précédente. Dans la même perspective, le bénéfice net du 1er semestre reste en ligne par rapport au résultat annuel annoncé et ce, compte tenu des prévisions de livraison des unités à achever sur le 2e semestre 2018, qui s'établissent à 3.369 unités. Alliances Après la maîtrise de la dette, le nouveau business model La première moitié de l'année marque la confirmation d'un retour à la profitabilité pour le groupe Alliances. Le chiffre d'affaires s'inscrit en augmentation de 17%, reflétant la «dynamique retrouvée de l'activité du groupe». Le résultat net et le résultat net part du groupe (RNPG) sont «conformes aux prévisions» et enregistrent une forte progression par rapport au 30 juin 2017, de respectivement 136% et 250%. Le management explique cette performance par l'augmentation de l'activité conjuguée à la baisse de 30% des charges d'exploitation, notamment suite à la rationalisation des coûts de production et à la réduction des charges de structure et à la contraction de 22% des frais financiers dans le sillage de l'optimisation du bilan. La dette financière nette du groupe a enregistré une baisse de 25%, passant de 4 MMDH au 30 juin 2017 à 3 MMDH à la même date de 2018, dont 1,9 MMDH (reliquat de la dette privée à l'issue de la phase I et II) est en cours de reprofilage. En parallèle, le groupe a consolidé ses fonds propres en augmentant «de manière imminente» son capital de 300 MDH, augmentation annoncée par l'actionnaire de référence Alami Lazraq et validée par le Conseil d'administration de la société le 9 août 2018. Ces couleurs retrouvées permettent ainsi au board du groupe d'établir une «nouvelle vision stratégique». Celle-ci reposera principalement sur l'adaptation de l'offre de produits au budget des ménages à travers notamment le lancement des programmes immobiliers moyen standing, le développement de l'activité de prestation de services et, surtout, l'application d'une politique de financement «rigoureuse» basée sur une «prise de risque mesurée et un suivi de ratios stricts d'endettement et d'indicateurs de rentabilité bien définis». Addoha Cap sur les filiales Dans sa communication financière, le groupe Addoha précise tout d'abord que «le secteur de l'immobilier et de la construction traverse une conjoncture difficile qui se traduit concrètement par une baisse de la demande en logements et une pression sur les prix liée à l'intensification de la concurrence». Et face à ce contexte, le groupe mènerait une «gestion opérationnelle et financière prudente pour préserver ses fondamentaux». Ainsi, le groupe dit avoir sauvegardé les équilibres bilanciels grâce une bonne maîtrise de l'endettement, ce qui a débouché sur une «structure financière solide» et la capacité de la firme à générer un cash-flow positif. Ainsi, durant la première moitié de l'année, le niveau d'endettement est resté maîtrisé autour de 6,1 MMDH, le niveau de gearing (ndlr: ratio de la dette financière et bancaire nette sur les capitaux propres de l'entreprise) est demeuré stable à 32,6% et le cash-flow d'exploitation s'est établi à 507 MDH. Le recul du chiffre d'affaires s'explique quant à lui par la «reconfiguration de certains projets», dont l'objet était de répondre efficacement aux attentes des clients et de corréler son offre à la tendance sectorielle. Le décalage dans le rythme de réalisation de ces projets dû à cette restructuration, ajouté au contexte sectoriel difficile, a entraîné une baisse de 15% du CA au titre du premier semestre. La marge d'exploitation n'en est pas pour autant altérée puisque le groupe a réalisé un niveau de marge d'exploitation de 18%. Plus encore, cela n'empêche pas le groupe de se projeter dans l'avenir, puisque 2018 marque «l'année de la matérialisation de l'ambition continentale du groupe, à travers la concrétisation des premières livraisons en Côte d'Ivoire sur les projets Cité des Orchidées et Lagoona City».