Une étude qui vient d'être rendue publique et réalisée par l'INED vient contrer la fameuse thèse de l'invasion de l'Europe par l'Afrique subsaharienne. L'Afrique subsaharienne va-t-elle «envahir» l'Europe ? C'est la question que se posent bon nombre de pays, et pour cause ces dernières semaines les actualités autour de cette thématique se multiplient. Sauf que, une enquête publiée aujourd'hui par l'Institut national d'études démographiques (INED) dans Population et sociétés, vient fausser toute la thèse qui pointe une «ruée vers l'Europe» de la population d'Afrique subsaharienne en 2050, rapporte Le Monde. Une thèse soutenue, selon la même source, par plusieurs médias d'extrême droite et identitaires obsédés par l'idée du «"grand remplacement" de la civilisation européenne par les immigrés, développée par Renaud Camus». Pour les auteurs, les prédictions annonçant que l'Europe serait constituée de 25% d'immigrés subsahariens en 2050 sont fausses. Dans le document, François Héran, professeur au Collège de France, détaille en effet qu'il existera d'ici 2050 une explosion de la population d'Afrique subsaharienne, qui passera de 970 millions d'habitants (2015) à 2,2 milliards. Ce qui ne veut pas dire que cette population va «envahir» l'Europe. Des thèses faussées D'ailleurs, à travers cette recherche, plusieurs préjugés et idées reçues ont été contrés. Notamment, la thèse qui table sur la pauvreté du continent. «Ce n'est pas parce qu'ils sont pauvres que les Africains viennent en Europe». D'après la source, c'est tout le contraire qui se passe, compte tenu du manque de moyens et de ressources, il devient plus compliqué de pouvoir partir dans un pays lointain. De plus, la majorité des migrations africaines ne s'opère pas vers le Vieux Continent, mais bien vers des pays voisins de la région subsaharienne. Effectivement, 70% des émigrés subsahariens restent dans leur région, un taux qui atteint 81% en Afrique centrale. Sur les 30 millions d'émigrés subsahariens, seulement 15% viennent en Europe. Enfin, le texte explique ces populations ne se «déversent» pas des pays à forte fécondité vers les pays à faible fécondité. «Ceux qui comptent au moins 4 enfants par femme ont envoyé 5% seulement de leurs migrants vers les pays ayant moins de 1,7 enfant. Les pays les plus mobiles sont les plus engagés dans la transition démographique, que ce soit au Sud ou au Nord», souligne le démographe. Dans un dernier temps, la publication détaille que les migrations subsahariennes vont s'accroître tout en temporisant : «Mais dans des proportions qui n'ont rien de bouleversant», selon des projections de l'ONU. En ce qui concerne la France, le taux de migrants subsahariens pourrait passer à 2,9%, voire 4% ce qui est «très en deçà des prophéties alarmistes», conclut l'étude de l'INED. Sachant qu'en 2015, cette population constituait 1,5 % de la population de l'Hexagone.