L'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (USMBA) de Fès aspire à figurer parmi les trois premières universités multidisciplinaires marocaines et les vingt plus grandes universités d'Afrique, a affirmé le nouveau président de l'USMBA, Redouane Mrabet. Mrabet, qui a décliné, dans un entretien à la MAP, les grandes lignes de son plan d'action pour les prochaines années, a assuré que toutes les composantes de l'université œuvreront pour qu'elle soit reconnue pour son engagement vers l'excellence, par la qualité de sa formation centrée sur l'étudiant, par une recherche scientifique et technologique de classe internationale et comme une force de changement et de progrès, par sa contribution au développement durable de sa région Fès-Meknès et de la société marocaine. Pour y arriver, le responsable a indiqué qu'au-delà de la réussite de cette rentrée universitaire 2018-2019, marquée par l'inscription de quelque 22.000 nouveaux étudiants, l'action portera sur la mise en œuvre progressive des cinq principaux axes du projet de développement de l'université. Le premier chantier est la gouvernance de l'université. "Une série d'actions et de pratiques de bonne gouvernance en matière financière, humaine, de patrimoine et d'utilisation des technologies vont être déployées au fur et à mesure", a-t-il indiqué, ajoutant que le deuxième axe concerne la formation sous toutes ses formes. Il sera question, selon lui de la formation initiale, de la formation continue, celle à distance et en ligne, mais aussi de la formation tout au long de la vie, au service de la société. Le nouveau président de l'USMBA veut que la population des villes, où est implantée l'université (Fès, Taza et prochainement Taounate), la perçoive de ''manière positive''. Troisième orientation stratégique sur laquelle planchera l'université durant les prochaines années sera la recherche scientifique et l'innovation. "Nous donnerons une importance capitale à la recherche, car notre ambition est que l'USMBA devienne une université de recherche", a-t-il lancé, assurant qu'elle a les potentialités pour aller vers cet objectif ambitieux. L'action portera, entre autres, sur le développement de la cité de l'innovation de l'USMBA pour lui donner plus d'importance, mais aussi l'encouragement des recherches dont les résultats ont un impact sur la société et sur les entreprises. "Une université de recherche veut dire deux volets : être très spécialisée dans des domaines très pointus, mais aussi travailler pour la région, pour l'entreprise", a-t-il souligné. La coopération aux niveaux local et régional figure à cet effet en bonne place dans le plan d'action de l'université. D'après Mrabet, l'USMBA doit être présente dans les entreprises et travailler avec les organismes locaux et régionaux, avec les associations locales et l'ensemble des acteurs socio-économiques locaux et ceux qui ont une large couverture nationale. "Nous allons certes continuer tout le travail qui a été fait par le passé avec des universités internationales, en essayant d'être présents dans des organismes internationaux pour profiter de l'expérience internationale dans certains domaines universitaires, mais nous allons donner beaucoup plus d'importance à ce qui est local et régional", a-t-il dit. Il s'agira de "donner de l'importance à la relation entre l'université et son environnement local et régional, en menant un travail de prospection et en faisant preuve de proactivité". Le cinquième axe important est l'université numérique. "Les nouvelles technologies seront déployées partout, au service de la formation, et ce, dès la première année", a fait savoir le nouveau président de l'université de Fès. La promotion de la place de l'USMBA passe également, selon lui, par le traitement de certaines problématiques dont pâtit l'université. C'est le cas notamment de la pression sur les établissements à accès ouvert, qui sont au nombre de six. D'après lui, certaines filières sont "problématiques", car, à partir du moment où il s'agit de former convenablement un grand nombre d'étudiants, l'acte pédagogique devient "difficile". Il cite notamment le cas de la filière droit en langue arabe, qui accueillera cette année plus de 5.500 étudiants. C'est pourquoi, a-t-il expliqué, le ministère de tutelle "réfléchit à des solutions pour qu'on puisse diversifier l'offre de formation et peut-être, qu'à un moment donné, ces filières ne soient plus à accès ouvert, mais à accès régulé sélectif, avec une diversification de l'offre beaucoup plus grande que ce que nous avons aujourd'hui''. Donc, à ses yeux, la clé pour "solutionner cette problématique de ces filières massives, c'est de diversifier et continuer la diversification de ces filières, laquelle pourrait se faire de deux manières, soit aller vers des spécialisations, soit opter pour des mariages de disciplines". Et d'ajouter qu'en mariant les disciplines, "ça va nous donner de nouvelles filières, de nouveaux métiers, de nouvelles compétences et donc ça nous permet aussi une diversification de l'offre". "Il est clair que le modèle des filières à accès ouvert, qui ont donné leurs fruits à un moment donné de la vie des universités marocaines, n'est plus valable aujourd'hui, d'où l'urgence de le changer", a-t-il insisté. Un autre chantier tout aussi important, qui est d'ailleurs commun aux autres universités marocaines, touche à l'adéquation entre formation et marché de travail. Mrabet a mis à cet effet l'accent sur "l'effort énorme" consenti par l'université Sidi Mohamed ben Abdellah, qui propose cette année 217 filières de formation, dont 97 filières professionnalisantes (DUT, licence professionnelle, master spécialisé, diplômes d'ingénieur…). Toutefois, un "travail essentiel" doit être déployé au niveau des filières fondamentales, qui sont au nombre de 120, dont 40 licences fondamentales, a-t-il fait observer, mettant en relief l'importance de proposer des licences nouvelle génération, avec comme critère principal l'adéquation entre formation et marché de l'emploi. Evoquant, par ailleurs, la récente affaire présumée de corruption pour l'accès à un master à la faculté de droit de Fès, le président de l'USMBA a rappelé que "l'affaire est entre les mains de la justice", assurant qu'en tous les cas, l'université travaille pour que "toutes les procédures de participation aux concours soient respectées". "Il faut que tous les étudiants et tous les postulants s'assurent que les choses se passent convenablement. Car, chaque fois qu'un soupçon de défaillance est constaté, nous serons fermes'', a-t-il asséné. Créée en 1975, l'USMBA est composée de douze établissements d'enseignement supérieur d'une cité d'innovation, répartis en quatre sites universitaires : campus Agdal-Fès, Saïs-Fès, Bensouda-Fès et Taza. Un cinquième campus à Taounate est en cours de création. L'université a accueilli l'année dernière quelque 98.000 étudiants.