Taqa Morocco affiche certes une baisse sur le marché, mais elle demeure moins importante que celle accusée par d'autres titres de la place. Considérée comme une valeur de rendement, l'action reste très appréciée par les investisseurs. Pour les analystes de la place, la baisse enregistrée ne serait que passagère. Détails. La valeur Taqa Morocco fait preuve de résistance dans un contexte peu favorable. Si le titre affiche une contre-performance annuelle de 4,89%, le Masi s'est creusé à -6,89% depuis le début de l'année. Pour certains analystes, la situation actuelle du marché a certes eu un impact sur l'évolution du titre, mais en comparaison avec les autres valeurs de la place, «l'impact est moindre». En effet, les investisseurs apprécient particulièrement l'action Taqa Morocco, jugée valeur de rendement. Un placement qui disposerait donc d'un faible niveau de risque. Il faut dire que le premier producteur d'électricité privé au Maroc affiche, depuis son introduction en Bourse, des performances financières satisfaisantes, capitalisant sur la solidité de son business model et sur la nature de son contrat avec l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE). Un partenariat que la filiale marocaine d'Abu Dhabi National Energy Compagny (Taqa) compte consolider puisqu'elle souhaite accompagner le Maroc dans le processus de diversification de son mix-énergétique. Le groupe entend en effet candidater aux futurs appels d'offres de l'ONEE. Les projets visés concernent notamment le Gas to Power, les futures centrales, les énergies renouvelables ou encore les énergies conventionnelles. Le groupe renfoncera ainsi sa position d'acteur majeur de l'économie marocaine. Taqa Morocco existe depuis 20 ans et fournit un peu plus de la moitié des besoins électriques du pays. Durant ces deux décennies, l'entreprise a enchaîné les investissements ayant contribué au perfectionnement de son outil industriel et à l'amélioration de sa production. En somme, ce sont plus de 40 MMDH qui ont été investis dans la production d'électricité à travers sa centrale de Jorf Lasfar, plus grande centrale thermique à charbon indépendante de la région MENA. Il en résulte des indicateurs financiers au beau fixe. À fin mars 2018, le chiffre d'affaires consolidé s'est élevé de 2% pour atteindre 2,07 MMDH. Une évolution qui a notamment été portée par la bonne performance opérationnelle des unités 1 à 6 ainsi que par la dépréciation du dollar par rapport au dirham enregistrée sur le premier trimestre 2018, comparativement à la même période de 2017. Le résultat d'exploitation consolidé ressort, de son côté, à 684 MDH suite à la poursuite des efforts d'optimisation des charges d'exploitation et de maintenance combinée à l'effet de la dépréciation du dollar par rapport au dirham. Ceci étant, les efforts de renégociation des taux d'intérêt sur la dette semblent avoir porté leurs fruits. Le déficit du résultat financier s'est réduit de 11% à 155 MDH en glissement annuel à fin mars 2018. Au final, le producteur privé d'électricité a généré un résultat net part du groupe de 282 MDH, en légère amélioration de 1% par rapport à la même période un an auparavant. Tous ces éléments font que l'évolution actuelle du cours en Bourse n'a pas encore intégré l'essentiel du potentiel de la société. Salma Kharbachi Analyste chez AlphaMena Depuis son introduction en Bourse fin 2013, Taqa Morocco (recommandation: achat) a réussi à capter l'attention des investisseurs. La firme semble profiter de la tendance haussière de la consommation électrique au Maroc qui augmente en moyenne de 8% par an depuis 2002 et qui est supposée croître de 5% en moyenne d'ici 2021 (selon les prévisions du ministère de l'Energie, des mines et du développement durable). Cette croissance s'explique essentiellement par le développement socio-économique du pays (INDH, chantiers d'infrastructures, programmes de généralisation de l'accès à l'électricité et à l'eau potable dans le milieu rural, stratégies sectorielles...). Taqa Morocco bénéficie d'une structure financière saine avec une bonne capacité de génération de cash (ratio moyen de conversion d'EBITDA en FFO de 75,9% pour la période 2013-17). Ainsi, la firme reste l'actif le plus rentable et performant du géant Taqa Abu Dhabi qui a été durement touchée par la baisse des prix du pétrole. En effet, celle-ci semble creuser l'appétit des investisseurs avec un bon rendement de dividende, contrairement à la maison mère. Contrairement, toujours, à sa maison mère, Taqa Morocco est doté d'un modèle économique créateur de valeur avec un ROCE en amélioration (9,26% en 2017 contre un WACC de 6,39%), reflétant la récurrence et la résilience de son résultat, basé sur la bonne performance opérationnelle de ses unités. Aux cours actuels, le producteur d'électricité se négocie à 10x VE/EBITDA vs. 10,6x pour ses comparables. Ainsi, Taqa Morocco reste l'actif le plus rentable du géant émirati Taqa. Pour les années à venir, nous pensons que le vrai catalyseur de la firme restera ses perspectives de développement au Maroc (concernant le site éolien dans le Nord du Maroc) ainsi que celles en dehors du Maroc (dans certains pays d'Afrique subsaharienne).