Le Maroc risquerait-il de perdre son avance sur ses voisins, principalement la Tunisie et l'Egypte, malgré le fait que leurs économies aient été durablement impactées par les évènements qui ont secoués ces pays cette année ? C'est, en tout cas, ce que laisse entendre l'agence de notation internationale, Fitch Ratings, dans son dernier rapport annuel sur l'examen des notes souveraines au niveau mondial. Selon le document, les perspectives de croissance au Moyen-Orient sont en berne et un ralentissement est à prévoir pour l'année prochaine. Le taux de croissance pour 2012 tournera autour de 4% contre 5%, en moyenne, cette année. Une relative résilience comparée aux prévisions pour le reste du monde, selon Fitch Ratings, due à « l'impact limité attendu sur les prix des produits, en particulier le pétrole». Le prix du baril de pétrole devrait se situer autour de 100 dollars contre 110 cette année, même si le marché du pétrole reste tendu. « La hausse du risque politique centrée sur la Syrie et l'Iran est un autre facteur propice au maintien de cours élevés en plus d'une faible demande» poursuit le document qui souligne, dans le même temps, que les pays de la région ne seront pas impacté de la même manière. Le prix de la dépendance Le Maroc a pu maintenir sa note à stable, alors que les perspectives pour l'Egypte (BB) et la Tunisie (BBB-) restent, toujours, négatives en raison de l'évolution encore tumultueuse de la situation politique dans ces pays. Mais ils devraient pouvoir rebondir dès 2012, dans le cas d'un retour à la normal, surtout après l'organisation des premières consultations électorales tenus ces dernières semaines. Cependant, le Maroc devrait s'attendre à une croissance au ralentie pour 2012, pour cause de sa très grande dépendance vis à vis de l'Europe. «L'Egypte et la Tunisie devraient, néanmoins, générer une modeste reprise en 2012, mais la croissance au Maroc, qui n'a pas connu les perturbations politiques de ses voisins, va ralentir, du fait de sa forte proximité économique avec l'Europe» souligne Fitch Ratings. La pression sera principalement portée sur les exportations, le tourisme et les IDE qui proviennent, en majorité des pays de la zone euro en crise. Pour Fitch Ratings, l'arrivée des partis islamistes au Maroc, en Egypte et en Tunisie ne présente pas de risques supplémentaires pour ces pays mais les multiples attentes formulées par les populations, au lendemain du printemps arabe, «poseront de redoutables défis politiques pour les prochains gouvernement, notamment sur le plan de l'emploi et de la croissance». Confiance maintenue En dépit des alertes sur les perspectives de croissance, le Maroc entamera la nouvelle année avec la confiance des agences de notation financière. Standard & Poor's vient, en effet, de confirmer la note du crédit souverain du Maroc à «BBB-». Pour l'agence, «la composition du nouveau gouvernement n'est pas un critère de notation». S&P souligne, toutefois, qu'elle suivra l'évolution économique du Maroc sous le nouveau gouvernement dans les mois à venir, surtout que le PJD, a promis une croissance de 7%, la réduction de moitié de la pauvreté et un déficit budgétaire ne dépassant pas 3% du PIB. Standard & Poor's a également maintenu la note de crédit souverain de la dette en devises à court terme du Maroc à «A-3». Il s'agit de la quatrième agence à maintenir des prévisions positives pour le royaume après Fitch Rating, Coface et Moody's qui ont, toutes, considéré que les perspectives économiques et le climat des investissements au Maroc étaient stables.